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« Canción sin nombre » de Melina León, un premier long impressionnant de maîtrise

  • Josephine Leroy
  • 2020-05-27

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2019, ce premier long métrage de la Péruvienne Melina León, qui conte la tristesse d’une mère séparée de son enfant, mais aussi celle d’un pays privé de liberté, impressionne par sa maîtrise. Le film ressort le 22 juin, pour la réouverture des cinémas.

Pérou, fin des années 1980. Alors qu’elle attend son premier enfant, Georgina (saisissante Pamela Mendoza), une vendeuse de rue qui vit avec son mari dans la pauvreté, tombe sur l’annonce d’une clinique offrant des soins gratuits aux femmes enceintes. Après son accouchement, elle demande à voir son bébé, mais la clinique refuse et ne rouvre jamais ses portes. Désespérée, elle contacte un journaliste, qui accepte de mener l’enquête…

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Inspirée par une affaire de trafic d’enfants sur laquelle son père, journaliste, a travaillé, Melina León signe un premier long en noir et blanc rude, poétique et sublime, qui nous immerge dans la réalité politico-historique d’un pays miné par la misère sociale, le conservatisme, et la violence du mouvement révolutionnaire du Sentier Lumineux, né dans les années 1970 d’une dissidence d’un des partis communistes péruviens et passé à la lutte armée insurrectionnelle au début de la décennie suivante.

Cette atmosphère suffocante trouve écho dans la manière qu’a la cinéaste de composer avec l’espace – comme dans cette scène dans laquelle elle filme en plongée cette mère triste, parcourant le couloir interminable du palais de justice ; ou, avec des plans fixes, attirant notre regard sur les pentes de sables escarpées et désolées de la région pauvre des Andes où habitent Georgina et son époux. Cette implacable mise en scène fait ressortir tout un monde de désenchantements – ce que semble justement chanter dans une douce berceuse l’héroïne dans une scène finale à couper le souffle. • JOSÉPHINE LEROY

3 QUESTIONS À MELINA LEÓN

Le film se base sur une histoire vraie que vous a racontée votre père. Pourquoi vous a-t-elle intéressée ?
La manière dont ce passé a ressurgi m’a impressionnée. Une nuit, alors qu’il dormait, mon père a reçu l’appel d’une femme le remerciant à propos d’un de ses articles qui avait permis à cette femme de retrouver sa mère biologique. Elle était l’un des bébés impliqués dans le trafic. C’était miraculeux.

Vous montrez la misère sociale du Pérou de la fin des années 1980. Enfant, ça vous a marquée ?
Oui, je me souviens de toutes ces tensions liées aux conflits, à la pauvreté, au manque de contrôle. Juste pour vous donner une idée, le taux d’inflation au Pérou était supérieur ou égal à celui de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale… C’était une époque terrible, cauchemardesque.

Le noir et blanc, le cadrage précis, les plans géométriques évoquent le Néoréalisme italien.
J’ai toujours beaucoup regardé les films de Federico Fellini, ceux de Vittorio De Sica, mais aussi ceux de Béla Tarr. Mais je ne crois pas avoir utilisé toutes ces références de manière précise, ils sont juste très vivaces dans ma mémoire. Cela dit, j’ai insisté pour en revoir avec l’équipe avant le tournage.

« Cancion sin nombre » de Melina León, Sophie Dulac (1 h 37), sortie le 22 juin

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