Oubliez tout ce que vous savez sur ce nanar érotique, pur produit des années 1970 qui fit l’éducation sentimentale de toute une génération – pour le meilleur et pour le pire. Souvenez vous de son exotisme problématique et son male gaze outrancier. Le film culte réalisé par Just Jaeckin, disparu en septembre dernier, fera prochainement l’objet d’un remake par Audrey Diwan, réalisatrice récompensée du Lion d’or à la Mostra de Venise pour L, récit d’un avortement clandestin dans la France de 1963, adapté d’.
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Autant dire qu’il faut s’attendre à un remake traversé par la question de la liberté du corps, la réappropriation du désir et du regard féminin, là où le film original faisait de son actrice, Sylvia Kristel, un pur objet de fantasme objectivant. Léa Seydoux, initialement désignée pour lui succéder, sera remplacée par Noémie Merlant, comme nous l’apprend un post Instagram d’Audrey Diwan, dans laquelle elle explique son choix : « J’adore Léa Seydoux, je veux faire un film avec elle un jour. Mais elle ne colle pas au personnage que j’imaginais. De Portrait de la jeune fille en feu à Tár, je n’ai cessé d’être séduit par la force du jeu de Noémie. Elle embrasse l’idée du personnage, capable de jouer à la fois l’autorité et la séduction. Elle redéfinit la femme française. Son attitude, son sourire, ce soupçon d’insolence qui affleure à la surface de son visage. Je suis également sensible à l’idée de trouver en mon actrice une partenaire intellectuelle, avec qui créer le personnage. »
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Coécrit avec Rebecca Zlotowski, le film s’annonce comme une relecture subversive du récit original, dans lequel on suivait les aventures d’une jeune épouse de dix-neuf ans, débarquée à Bangkok pour ses nuits de noces, et qui découvrait auprès d’un précepteur éclairé une nouvelle approche des plaisirs de la chair. Une quête de plaisir qu’Audrey Diwan compte bien filmer comme un empowerment, une exploration de soi plus qu’une découverte naïve : « Nous avons imaginé une femme qui s’est battue pour s’en sortir, qui a gravi sa montagne, qui s’est construit une armure aussi. Elle se sent seule. Mais comment sortir de la solitude ? Emmanuelle est l’histoire d’une femme qui essaie de lâcher prise. Tout le film consiste à tracer un chemin vers l’autre. »