Née en 1928 à Rome, Lina Wertmüller est de ces femmes qui semblent avoir vécu plusieurs vies. Amatrice de comics et enfant rebelle – elle a été renvoyée à plusieurs reprises de son école catholique –, elle se dirige dans un premier temps vers l’art dramatique et le théâtre, avant de rejoindre une troupe de marionnettistes itinérants.
C’est sa rencontre avec Fellini dans le courant des années 1960 qui scelle son destin en tant que cinéaste. D’abord assistance réalisatrice sur Huit et demi (1963), elle réalise dans la foulée son premier long-métrage I Basilischi, avec une partie de l’équipe mobilisée sur le film de Fellini. Un premier film acclamé, récompensé de deux prix au Festival de Locarno, qui suscite le désarroi de certains de ses homologues masculins. On se souvient du jeune Nanni Moretti, qui n’hésitait pas à s’en moquer dans son propre premier film Je suis un autarcique (1976) – il faut voir la scène où, vert de jalousie, Michele (l’alter-ego du cinéaste) se met à baver lorsqu’il apprend que le film va recevoir un prix à Hollywood.
Radiographiant des maux de la jeunesse italienne tout en défendant l’égalité entre les hommes et les femmes, Lina Wertmüller a toujours eu à cœur de prendre le pouls de son époque par le prisme de la comédie. En témoignent ses films les plus emblématiques dont Vers un destin insolite sur les flots bleus de l’été (1974) et Mimi métallo blessé dans son honneur (1972), satires savoureuses des mœurs italiennes. La sortie du film Pasqualino (1975) la consacre à l’international, le long-métrage étant nominé quatre fois aux Oscars. Lina Wertmüller devient ainsi la première femme à être nominée pour l’Oscar de la Meilleure réalisatrice.
Elle a par la suite continué à tourner pour le cinéma et la télévision. En 2004, elle signe son dernier long-métrage pour le cinéma, Too Much Romance… It’s Time for Stuffed Peppers (2004), une comédie portée par Sophia Loren. Cette carrière riche et engagée a suscité beaucoup d’admiration. En 2019, la réalisatrice a été récompensée par un Oscar d’honneur remis par Sophia Loren et Greta Gerwig. Dans son discours, traduit simultanément par Isabella Rossellini, la réalisatrice suggère de rebaptiser la statuette « Anna », dans une ultime volonté de célébrer encore un peu plus l’importance des femmes au cinéma.
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