CANNES 2024 : 7 réalisatrices qu’on va suivre de près

Noémie Merlant, Payal Kapadia, Claire Simon : on fait le point sur ces cinéastes qu’on adore.


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NOÉMIE MERLANT

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Elle sera la nouvelle Emmanuelle du remake éponyme d’Audrey Diwan, au haut potentiel féministe et érotique. Mais pas seulement. Depuis Mi iubita, mon amour (2022), road-trip irradiant, petit miracle de mise en scène qui racontait la love story entre une future mariée et un jeune homme issu de la communauté Rom, on sait que Noémie Merlant est une réalisatrice de génie. Elle compte bien le prouver une nouvelle fois avec Les Femmes au balcon, sélectionné en Séance de Minuit, qu’elle a coécrit avec la géniale Céline Sciamma – leurs routes s’étaient déjà croisées sur le magnifique de Sciamma en 2019.  Cette comédie horrifique racontera l’histoire de trois femmes enfermées dans un appart en pleine canicule marseillaise. En face, leur mystérieux voisin, objet de tous les fantasmes. Bientôt, elles se retrouvent coincées dans une affaire terrifiante et délirante. Cette comédie à la lisière fantastique devrait s’aventurer sur des terrains peu explorés, en terme de genres et de thèmes : « Quand j’ai commencé à écrire Les Femmes au balcon, je pensais à la souffrance des femmes et à l’utilisation de l’humour comme arme. C’est là que mon histoire s’est transformée en comédie. Je voulais écrire des personnages féminins qui ressemblent à celles qui m’entourent – afin d’observer de plus près la violence et la victimisation. Je voulais pousser mon idée à l’extrême et observer ce qu’elle provoque en amenant des éléments de genres – de la fantasy et du gore. J’ai découvert le cinéma à travers les films d’horreurs asiatiques que je regardais avec ma sœur durant notre adolescence. Ils constituent une influence majeure sur ce film. », a expliqué Noémie Merlant à . Ciao le film d’été léger à la Rohmer, longue vie au film de genre et aux colloc’ féminines qui risquent d’enflammer la Croisette.

Noémie Merlant : « J’ai progressivement essayé de choisir des rôles féminins qui ont du sens »

RUNGANO NYONI

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On l’avait repérée en 2017, avec un premier long métrage très fort, I Am Not A Witch, sur une petite fille quasi muette accusée de sorcellerie par des membres de son village en Zambie. Montrant avec une économie de dialogues et des images puissantes les intrications complexes entre croyances, superstitions, misogynie et exploitation des enfants, le film avait fait sensation à la Quinzaine des réalisateurs (renommée depuis Quinzaine des cinéastes) et avait remporté entre autres le Prix du Syndicat français de de la critique de cinéma 2018. La cinéaste zambienne (émigrée au Pays de Galles à l’âge de 9 ans) revient cette année en sélection officielle, section Un certain regard avec On Becoming a Guinea Fowl, sur lequel on ne sait pour l’instant rien d’autre que ce titre étonnant : « Comment devenir une pintade. »  On lui fait toute confiance pour redonner à la dinde ses lettres de noblesse.

PAYAL KAPADIA

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Premier film de fiction, première sélection en compétition officielle. La jeune réalisatrice indienne fait une entrée fracassante à Cannes, par la grande porte, avec All We Imagine as Light, un titre en forme de promesse d’avenir. Elle y raconte l’histoire d’une infirmière de Mumbai, empêtrée dans un mariage arrangé avec un homme parti vivre à l’étranger. Avec sa colocataire Anu, elle se rend un jour dans une ville côtière, où une forêt tropicale mystique deviendra le lieu où leurs rêves et leurs désirs deviennent réalité…

Payal Kapadia n’est pas inconnue des services cannois. Son premier long-métrage documentaire, Toute une nuit sans savoir, a fait partie en 2021 de la sélection de la Quinzaine des réalisateurs, renommée Quinzaine des cinéastes, et a remporté l’Œil d’or du meilleur documentaire au 74e Festival de Cannes. Dans ce film d’archives hanté par le cinéma mémoriel de Chris Marker, la réalisatrice invoquait ses propres souvenirs d’années d’étude pour prendre la température d’une jeunesse animée par la lutte contre les castes, les révoltes dans les universités, les conflits avec la police. Un sidérant film-essai, dont la texture voluptueuse et le montage fracassé permettait de tenir à distance les traumatismes du passé pour mieux observer leur résurgence dans l’Inde contemporaine. De l’audace formelle, une furieuse envie d’utopie, loin des clichés de Bollywood : voilà tout ce que promet la présence, en compétition, de cette réalisatrice qui avait reçu en 2022 le Prix à la Création de la Fondation Gan pour le Cinéma pour le financement de ce nouveau film.

« Toute une nuit sans savoir » de Payal Kapadia : révolte émotionnelle

ANDREA ARNOLD

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On ne s’en est jamais caché : la cinéaste britannique est l’une de nos préférées. En 2016, elle avait électrisé le Festival de Cannes – nous y compris – avec sa première échappée US, American Honey (Grand Prix du Jury), l’histoire d’une jeune fille (Sasha Lane) paumée dans le Midwest qui entame un roadtrip avec une bande de copains dirigée par un leader aussi charismatique que dangereux (Shia LaBeouf). Après un passage par le documentaire avec le déchirant Cow (2021), la réalisatrice revient avec à la fiction en terres anglaises avec Bird, sélection en Compétition et porté par deux des acteurs masculins du moment qui nous font le plus vibrer : Barry Keoghan et Franz Rogowski.

De ce que l’on sait sur le récit, il se déroulera dans un squat au nord du Kent – comme par hasard, là où Andrea Arnold a grandi. Un jeune père (campé par Keoghan, révélé par Mise à mort du cerf sacré en 2017 et dont le talent s’est depuis confirmé avec Les Banshees d’Inisherin et Saltburn) y élève seul ses deux enfants, Hunter et Bailey, alors que celui-ci, approchant la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs. Un pitch qui semble inscrire le film dans la tradition des coming-of-age dont Andrea Arnold a le secret (son Fish Tank, sorti en 2009, en est resté l’un des modèles du genre), mais surprend de la part de la Britannique, qui a centré tous ses films jusqu’ici sur des figures féminines – même Cow suivait deux vaches femelles, une mère et sa petite. Comme d’habitude, on s’en remet entièrement à elle. 

CLAIRE SIMON 

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Ses talents de documentariste ne sont plus à prouver mais son dernier long métrage , plongée époustouflante, caméra à la main, au cœur du service gynécologique de l’hôpital public, nous avait quand même soufflé. Forcément, on se réjouit d’avance à l’idée de découvrir Apprendre, son nouveau long métrage, présenté à Cannes en Séance Spéciale. Avec son titre évocateur, ce documentaire s’intéressera au métier d’enseignant, prolongeant l’étude du milieu scolaire que Claire Simon avait amorcée en 1992 avec (moyen-métrage délicat sur des élèves de maternelle), puis repris en 2018 avec  (court métrage dévoilant les confidences de lycéens). Cette sélection marque aussi le retour de la française sur la Croisette après être venue présenter trois de ses longs métrages à la Quinzaine des réalisateurs (renommée depuis Quinzaine des cinéastes) : Sinon, oui en 1997, Ça brûle en 2006 et Les Bureaux de Dieu en 2008.

Claire Simon : « Certains hommes pensent qu’ils possèdent le corps de leur compagne ou de leur femme »