Bande-dessinée : « Château de sable » de Frederik Peeters et Pierre Oscar Lévy

Quand le huis clos s’émancipe des quatre murs, cela donne l’étrange décor de « Château de sable » : une crique environnée de garrigue et de falaises. C’est dans ce lieu assommé par la chaleur que les auteurs ont choisi de placer leurs personnages.


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Ils sont treize, au total, à arriver sur cette plage un matin d’été. Après la découverte d’un cadavre de femme flottant dans l’eau, la tension monte, l’effroi s’installe et, peu à peu, sans que notre attention ne s’y attende, on comprend que le scénario bascule dans une dimension fantastique. Les personnages constatent qu’ils sont emprisonnés par un champ magnétique inexpliqué et que, par on ne sait quel sort, le temps s’accélère. Leurs corps vieillissent, les enfants grandissent ; et la mort rôde. Il est rare, en bande dessinée, de voir se déployer au fil des planches une telle tension narrative mêlée au rythme du temps.

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Chaque page donne un coup de vieux aux personnages ; et on assiste ainsi à leur décrépitude en même temps que l’on s’approche de la fin de l’album. Tenu par le trait brisé et broussailleux de l’excellent Frederik Peeters, Château de sable est un petit chef-d’œuvre du thriller fantastique. Pas étonnant, donc, que le réalisateur de Split, M. Night Shyamalan, ait décidé d’adapter ce récit hors du commun au cinéma. Old, sorti fin juillet en salles, est une excellente adaptation. Une rencontre inédite entre les deux grands arts qui ont le temps pour matrice.

de Frederik Peeters et Pierre Oscar Lévy (Atrabile, 104 p, 18 €)