« Anna » de Pierre Koralnik : pop fiction

Pour la première fois en salles, cette comédie musicale psychédélique de 1967, dans laquelle Anna Karina chante des airs de Gainsbourg, n’a rien perdu de son charme.


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Six ans après Une femme est une femme de Jean-Luc Godard, Anna Karina et Jean-Claude Brialy étaient réunis dans une nouvelle comédie musicale, Anna, réalisée pour le télévision – ce qui peut surprendre au vu de l’inventivité d’un film si peu formaté.

Au-delà d’une intrigue assez mince (un publicitaire, épris d’une femme vue sur une photo, tente de la retrouver), Anna apparaît comme un concentré de la culture pop des sixties, ses personnages rêveurs évoluant dans un Paris où se mêlent les brasseries enfumées du quartier latin, la mode venue du Swingin’ London et l’imaginaire descomics américains. Toutes proportions gardées, on pense parfois à Blow up d’Antonioni (une autre histoire de photo !), sorti la même année, pour l’esthétique psychédélique et les sonorités anglo-saxonnes de la BO.

Une musique qui, en dépit des qualités vocales, disons, limitées de l’exquis Brialy, constitue bien sûr un des atouts du film. Arrangée par le génial Michel Colombier (futur compositeur d’Une chambre en ville de Demy), cette partition s’impose comme un sommet méconnu de la discographie de Gainsbourg. Les séquences chantées, parfois dansées, s’enchaînent, de la pétaradante Roller girl au tendre duo Ne dis rien en passant par le mélancolique Hier ou demain (qui nous vaut une apparition de la diaphane Marianne Faithfull). Si tout le monde connaît l’extrait dans lequel Karina, en majesté, interprète Sous le soleil exactement, c’est l’ensemble de ce film aux couleurs chatoyantes qui mérite aujourd’hui de sortir de l’ombre.

Anna Karina en 5 scènes culte

: Anna de Pierre Pierre Koralnik (1h27, Malavida Films), sortie le 29 novembre

Image : (c) Malavida