
« Ça va être tout noir ! »
C’est comme ça que le film surprise a démarré, dès que l’écran s’est allumé et que les lumières se sont éteintes. Un spectateur a alors crié la réplique culte de RRRrrrr !!! (2004) la comédie préhistorique d’Alain Chabat avec les Robins des Bois, dans lequel un « préveneur de nuit » venait sonner la fin de la journée. Comme dans le film, tout le public a répondu d’un simple et direct : « Ta gueule ! »
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Le film-surprise : Tin Men (1987) de Barry Levinson
Ça aurait pu être un Édouard Molinaro, un Monty Python ou Tropic Thunder (2008) de Ben Stiller – des auteurs ou un film que Chabat adore particulièrement – mais celui-ci a préféré exhumer cette géniale comédie oubliée dans laquelle Danny de Vito et Richard Dreyfuss incarnent deux vendeurs en porte-à-porte d’aluminium (et surtout as de l’arnaque) qui se tirent la bourre. Un film de tchatcheurs qu’il aime surtout parce que Barry Levinson « ne fait pas de cadeaux à ses personnages, il ne les rachète pas – ce sont des ordures, pourtant on les aime. »
La comédie selon le French king of comedy
Quel est le secret de la comédie selon Alain Chabat ? Le « timing » évidemment. C’est essentiel pour l’acteur-réalisateur, qui a notamment évoqué le rythme, la musicalité de Jean-Pierre Bacri, auxquels il pensait quand il a écrit Didier (1997), sa comédie body swap avec un labrador. Il a aussi parlé de ce qui l’amenait à vouloir monter un film : « Les comédies viennent d’un énervement, d’un agacement. On en réalise sinon on est juste des crétins en train de gueuler. »
Une poupée-teub trop mignonne pour prévenir les IST
Chabat a ensuite choisi des extraits de The Groove Tube (1974) de Ken Schapiro, un film à sketches d’un délicieux mauvais goût qui parodie la télé américaine et qui a inspiré toutes les fausses pubs qu’ont imaginées les Nuls dans les années 1980-1990 pour leurs émissions sur Canal +. Parmi, les extraits choisis, ce pantin du meilleur effet – peut-être une des meilleures campagnes de prévention contre les IST jamais réalisées. « Ce film m’a pété la tête, quand je l’ai vu, je me suis dit que c’est ce que je voulais faire dans la vie. »
« On a vraiment le droit de faire ça ? »
C’est la question que s’est posée le jeune Alain Chabat quand il est tombé sur Le Shérif est en prison (1974), incroyable western bourré d’anachronismes (et là on pense forcément à Astérix et à la manière dont Chabat a investi l’univers gaulois) signé par Mel Brooks. L’extrait choisi, dingue et méta, met en scène une baston de western dégénérant jusqu’à se déplacer dans un autre film, une comédie musicale. Le méchant prend alors un taxi et lui demande « Sortez-moi de ce film. » Oui, on peut faire ça, et on adore même.
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