C’est un matin comme un autre aux États-Unis, à ceci près que ses services militaires découvrent l’impensable : un missile nucléaire envoyé depuis le Pacifique menace de raser une ville américaine. Plus grave encore : le compte à rebours avant explosion est de 15 minutes.
Si Kathryn Bigelow infiltre à nouveau les corps armés de son pays après Démineurs (2008) ou encore Zero Dark Thirty (2012), c’est cette fois depuis ses loges, où pleuvent une série d’écrans et de données statistiques. Tout se joue là, dans une abstraction qui donne aussi bien le vertige et le ton du film, dont on maîtrise peu à peu les rouages et le jargon très documenté, à la limite du compréhensible.
Dans cette fournaise presque hypnotique, tout nous échappe comme par enchantement – on s’en remet en fait aux « experts » comme à Dieu. À défaut de nous prendre par la main, et c’est sa belle idée, la cinéaste nous laisse à notre sidération. Pas de temps à perdre.
On s’efforce alors de raccrocher les wagons, de comprendre – mais le peut-on vraiment ? Bigelow joue à fond sur cet état-limite, car enfin personne ne sait vraiment qui a lancé ce missile, ni s’il n’est pas une erreur. Elle ne fait pourtant que filmer l’état du monde. Un monde bien réel et en même temps impensable, dont l’arsenal technologique excède de loin les capacités humaines, dont la survie tient à une urgence cruellement intenable. Raconté en trois parties comme trois points de vue sur ces mêmes minutes décisives, jusqu’à la Maison Blanche où Idris Elba joue les présidents, A House of Dynamite ne fait que reculer pour mieux sauter. Littéralement.
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