Pour ses livres, il n’hésite pas à se confronter au réel le plus dur, allant jusqu’à correspondre avec l’assassin Jean-Claude Romand (« L’Adversaire »), ou notant les étapes de sa propre dépression (« Yoga »), toujours en mettant en scène sa position d’écrivain. C’est aussi ce statut qu’il remet en question dans son troisième film, « Ouistreham », inspiré d’un livre de Florence Aubenas (« Le Quai de Ouistreham », 2010) dans lequel la journaliste raconte son infiltration dans une équipe de femmes de ménage, sur un ferry. Dans un café du Xe arrondissement parisien, un matin – car tous les après-midis il assiste au procès des attentats de 2015 –, Emmanuel Carrère nous a parlé de cette fiction aux accents documentaires, entre chronique sociale lucide et réflexion déstabilisante sur les enjeux moraux de l’écriture du réel.
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