
En Géorgie, la vallée de la Pankissi est une enclave majoritairement tchétchène. C’est là que la mère de Déni Oumar Pitsaev a acheté une terre à son fils, espérant convaincre le quadragénaire, réalisateur et sujet principal d’Imago, d’y construire une maison pour s’y installer avec femme (qu’il reste à trouver) et enfants (qu’il reste à faire).
Au départ, le documentaire ressemble à une comédie, jouant sur les contrastes entre l’exilé de retour au bercail avec sa mentalité occidentale et ceux qui ne sont jamais partis de la région, pratiquants assidus de la religion musulmane et du culte de la virilité. Eux sont désespérés par ce célibataire endurci qui désire construire une maison improbable de verre et de pilotis, loin de l’architecture locale, sans même une chambre d’amis.
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Lui avance à tâtons, sans toujours oser dire ce que le spectateur aura compris bien vite, que le mariage n’est pas forcément dans les plans de vie. Ce faisant, il dévoile devant sa caméra une communauté fascinante et pétrie de contradictions, notamment grâce à une superbe scène dans laquelle les femmes du village dissertent sur leurs ambitions abattues en plein vol par le patriarcat. Mais ce voyage est avant tout celui engagé vers ce père que le cinéaste n’a pas vu depuis huit ans et qui a des comptes à rendre. Leur confrontation est une exploration des traumas intimes et à l’échelle de toute une communauté, marquée par les guerres et les nettoyages ethniques perpétrés par les forces russes dans les années 1990. Douloureusement sublime.
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