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William Lebghil : « Les films de Paul Thomas Anderson me mettent de sacrées claques »

  • Laura Pertuy
  • 2023-10-11

Désopilant chez Riad Sattouf, Benoît Forgeard ou Antonin Peretjatko, mais surtout agité par un enthousiasme de cinéma total, William Lebghil explore dans « Un métier sérieux » de Thomas Lilti – en salles actuellement – un registre plus grave, qu’il retrouvera prochainement chez Julien Carpentier pour « La Vie de ma mère ». Présenté lors de la 10e édition du Festival de Saint-Jean-de-Luz, où Lebghil officiait comme membre du jury, le film nous a donné envie de soumettre l’acteur à notre questionnaire cinéphile.

3 films dans lesquels tu aimerais vivre ?

J’adorerais vivre dans Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, à la place de Gary, le personnage principal, car j’adore sa fougue, son esprit, sa liberté… Interstellar de Christopher Nolan me tente bien aussi, pour faire ce voyage spatial et temporel qui me fascine complètement. Et puis Les Bronzés font du ski de Patrice Leconte. J’ai revu les films il y a peu et Christian Clavier opère vraiment un changement entre Les Bronzés [premier volet de la série de films, sorti en 1978, ndlr] et celui-là. Dans le premier, il est dans les pas de Thierry Lhermitte, alors que dans le second, il occupe un autre créneau qui est hilarant. Il trouve son comique, la « patte Clavier », en somme.

3 films qui te tordent de rire ?

Au cinéma, je vais moins vers des comédies évidentes. La dernière en date, c’est Les Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh, par exemple. L’Homme d’argile [d’Anaïs Tellenne, en compétition au Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, ndlr], qui est pourtant un drame, m’a fait beaucoup rire ; les scènes avec la postière [Marie-Christine Orry, ndlr] sont archi marrantes.

Je ne suis pas trop attiré par les « comédies de vannes » ou les films « gagesques » de manière générale. Mais autrement je suis un fan absolu de Will Ferrell. Ricky Bobby, Roi du circuit me fait hurler de rire ; j’adore le moment où ils prient le bébé Jésus.  

J’aime aussi beaucoup La Chèvre de Francis Veber pour son duo mythique, et cette idée incroyable de retrouver une personne maladroite grâce à un mec maladroit. Et puis Didier d’Alain Chabat, qui faisait partie de ma « cassettes VHS-thèque » quand j’étais ado et qui est toujours mon film de chevet aujourd’hui, pour les immenses Chabat et Bacri, et pour le grand réconfort qu’il m’apporte, entre autres.

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Didier d'Alain Chabat

3 univers de cinéastes dans lesquels tu voudrais t’inscruster ?

Celui de Paul Thomas Anderson car ses films me mettent de sacrées claques et atteignent la perfection à chaque fois. Au-delà de son vrai sens esthétique, il raconte des histoires avec des images au symbolisme très puissant, comme des échos à des choses qui viennent te chercher en profondeur. Il y a beaucoup de poésie dans son cinéma, ça touche à une espère d’inconscient universel qui me bouleverse.

Dans Magnolia, avec cette pluie de grenouilles, il y a un peu de l’univers de Miyazaki aussi. On est souvent dans quelque chose de psychanalytique dans ses films, avec l’impression de regarder un rêve qu’on aurait pu faire.

Bong Joon-ho, car je suis hyper fan de Memories of Murder. Le film explore la zone grise, tout ce qu’on ne sait pas, tout ce qui ne pourra pas être résolu, avec l’une des plus belles scènes de fin : ce mec qui revient sur place, regarde dans le trou et voit un papillon. C’est une poésie qui me touche vachement, tout en déployant énormément d’humour. Et puis l’acteur principal, Song Kang-ho, est incroyable ! Il me donne envie de jouer. J’avais vu un making-of du film où Bong Joon-ho racontait qu’au tout début du film, quand le personnage que campe Song Kang-ho arrive sur la scène du crime et constate que son collègue n’a pas fait ce qu’il fallait, il court vers lui, fait un saut de Kung-fu Shaolin et le défonce. Cette réaction était complètement improvisée ! C’est une liberté incroyable d’acteur que de proposer ça.

Memories of Murder

SCÈNE CULTE : « The Host » de Bong Joon-Ho (2006)

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J’aime aussi beaucoup le cinéma d’Alice Rohrwacher, dont son film Heureux comme Lazzaro. Il y a un côté très sacré dans ses films, ils interrogent ce qu’il y a de plus grand que nous et que l’on peut interpréter de mille façons différentes. Bon, faut que je fasse un petit DEUG en langue appliquée pour bosser, mais je suis à deux doigts de tourner avec Bong Joon-ho et Alice Rohrwacher.

3 films que tu as honte d’aimer ?

Ace Ventura, détective chiens et chats. Il y a certainement pas mal de trucs qui ont dépassé la date mais Jim Carrey fait un numéro incroyable. Sinon je suis un gros fan de Kung Fu Panda. C’est du génie, surtout le 3.  

J’ai longtemps aimé Capitaine Orgazmo de Trey Parker. C’est une espèce de film de série Z que je regardais quand j’avais dix piges et qui raconte la trajectoire d’un témoin de Jéhovah qui devient acteur porno. C’était notre film culte avec mes potes. Capitaine Orgazmo avait un gros pistolet à rayons laser qui lui permettait de castrer ses ennemis. Le gros méchant s’appelait « l’homme neutre » et n’avait plus d’appareil génital. Faudrait quand même peut-être que je le revoie…  Mais au fond, quand j’aime un film, je n’ai pas honte de l’aimer.

Tu seras bientôt à l’affiche de La Vie de ma mère de Julien Carpentier – que l’on a découvert en avant-première au Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz et qui aborde la bipolarité. Y a-t-il des films qui t’ont guidé pour camper ce fils qui doit faire face à la maladie de sa mère ?

Ce qui m’a beaucoup touché dans ce film-là [qui sort le 6 mars 2024, ndlr], ce sont les rapports de famille, avec cette maladie qui, d’un coup, devient un obstacle aux rapports humains. Comment on arrive à accepter ça, à le rendre beau, à dépasser cette communication entravée. Le réalisateur m’avait demandé de regarder Une vie démente de Raphaël Balboni et Ann Sirot, qui est vraiment génial, mais c’est surtout en échangeant avec lui que j’ai pu façonner mon personnage, étant donné que le film s’inspire de sa sphère personnelle.

Image : William Lebghil dans La Vie de ma mère

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