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À voir sur Arte : « Une femme mariée », l’inconstance de l’amour vu par Jean-Luc Godard

  • TroisCouleurs
  • 2022-02-22

Trois ans après « À bout de souffle » (1960), le jeune agitateur de la Nouvelle Vague a réalisé ce film fascinant sur la fluctuation des sentiments, porté par la parfaite Macha Méril

Ça commence dans la chambre d’un appartement et ça finit dans celle d’un hôtel situé dans un aéroport. Les décors se ressemblent, la façon de filmer les caresses, de cisailler les corps aussi. Pourtant, entre ces deux moments en apparence identiques, les sentiments sont venus mettre la pagaille dans la vie de Charlotte (Macha Méril), enceinte de trois mois et tiraillée entre son mari (un pilote d’avion) et son amant (un comédien de théâtre). Soit la raison, rassurante mais frustrante, et la passion, vivifiante mais incertaine.

Godard 1960-1968 : Contrebandes à part

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C’est un grand classique de la littérature romantique, mais entre les mains du jeune Godard, ça donne évidemment quelque chose de plus fou, secoué, qui rappelle pas mal les Fragments du discours amoureux de Roland Barthes, par sa manière de capturer tout l’imaginaire que se créé l’amoureux - une figure qui, en se croyant unique dans ses joies ou ses souffrances, se trompe complètement.

Si on tique sur certains aspects du film qui semblent un peu datés aujourd’hui (l’inégalité entre l’exposition de la nudité de l’héroïne et celle des corps masculins), on retrouve toute l’audace et le goût du ludique godardien, qui ne résume pas ce simple ménage à trois en point de départ de situations cocasses et vaudevillesques mais le transfigure, par le prisme de son héroïne mouvante, changeante, plus infidèle vis-à-vis d'elle-même que vis-à-vis des hommes de sa vie.

Formellement aussi, Godard déjoue tout le temps nos attentes, en chapitrant son film sans qu’il n’y ait pour autant de vraie évolution linéaire (« Mémoire », « Le présent », « Le théâtre et l’amour ») et en incluant des références littéraires (Bérénice de Racine, encore une histoire de trio amoureux), des toiles, des affiches – notamment des pubs, qui savent très bien comment vendre le désir. Tout cet inconscient du sujet désirant est ainsi exposé (presque surexposé) par des effets de montage dont le cinéaste, qui aiguisera son style libre deux ans plus tard avec Pierrot le Fou (1965), a le secret. C'est l'un de ses premiers films, et Godard s'impose déjà.

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