« Dark Matter », un choix cornélien

Qui ne s’est jamais retrouvé un jour face à un choix à faire avec le sentiment de jouer le reste de son existence sur une seule décision ? Voilà le point de départ de Dark Matter, roman de science-fiction qui connaît un succès retentissant outre-Atlantique depuis 2016, et devient désormais une série, créée et coscénarisée par l’auteur du livre, Blake Crouch. On y suit Jason Dessen, professeur de physique modeste mais heureux, partagé entre ses lycéens et sa famille. Un jour, il est kidnappé et se réveille dans un Chicago parallèle. Sa femme, Daniela, n’est pas sa femme. Leur fils, Charlie, n’est jamais né. En revanche, il est un physicien de renom, ayant choisi, quinze ans plus tôt, non pas de devenir père et mari mais de poursuivre sa brillante carrière. Commence alors une course effrénée pour récupérer sa vie, qui l’amènera à explorer une infinité de mondes alternatifs.

Dark Matter interroge brillamment ce qui façonne les hommes, selon une logique quasi sartrienne : ils ne sont prédestinés à rien et ce sont leurs choix qui les définissent. Le Jason Dessen père de famille patient et dévoué est bien, au départ, le même que le scientifique génial mais égocentrique et frustré qui a fini par intervertir leurs existences. C’est en mêlant cette réflexion intime au destin de l’humanité entière que la série trouve un souffle épique, puisque les pérégrinations du prof l’amènent à explorer les futurs les plus apocalyptiques comme les plus désirables. La maîtrise de la grammaire sérielle et ses rebondissements, le soin apporté à la construction visuelle des mondes et l’investissement du casting (Joël Edgerton et Jennifer Connelly en tête) parachèvent cette réussite. Et une nouvelle fois, AppleTV+ prouve qu’elle est la plateforme à suivre en matière de science-fiction.

: Dark Matter sur Apple TV+ le 8 mai

Image : © Apple TV+