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SCÈNE CULTE · « RoboCop » de Paul Verhoeven

  • Justine Carbon
  • 2024-04-19

Le culte « RoboCop » de Paul Verhoeven ressort au cinéma dès le 24 avril, dans une version restaurée 4K. L’occasion pour nous de nous replonger dans une scène clé de cette œuvre de la fin des années 1980, anticipatrice de nos dérives vis-à-vis de la technologie.

LA SCÈNE 

Le héros du film, Alex Murphy, a été victime de la pègre et arrive criblé de balles à l’hôpital. Les urgentistes courent et tentent de conduire le plus vite possible le brancard en salle d’opération. Le personnage est intubé et les médecins décident rapidement de recourir à un défibrillateur. Parallèlement, Murphy redécouvre des images de son passé, via des flashs. Celles-ci sont dissipées par le souvenir du coup de feu qui le condamne.

Une nouvelle équipe s'affaire à présent. Si Alex Murphy ne semble plus être présent dans le plan, une chose a l'air d'être observée par les protagonistes. Sans voir cette chose, on comprend que les ingénieurs la triturent et peinent à la façonner selon leur souhait. Enfin, Bob Morton entre en scène et introduit cette chose, encore dissimulée, à un nouveau panel d’individus. 

L'ANALYSE DE LA SCÈNE

En 1987, Paul Verhoeven réalise son premier film américain. Artisan du choc, le cinéaste néerlandais décide très tôt de tuer le héros du film, pour ensuite l'installer en salle d’opération.

Les angles de la caméra instillent le doute sur son état de santé. L’arrivée dans les couloirs de l’hôpital se fait dans un plan à la profondeur de champ exceptionnel. On ne voit toutefois aucun autre patient, juste les murs du lieu.

Les contre-plongées successives renforcent l’étrangeté de la scène. La bataille musicale en rajoute, avec au départ un affrontement entre un thème musical épique et des sonorités aiguës, auxquelles succèdent les bips du cardioscope. 

Notre vue sur le personnage se fait via un insert sur son œil, inanimé. Apparaissent alors des flashs de son passé. On découvre une femme et un enfant dans un quartier pavillonnaire. On devine qu’il s’agit de sa famille. Mais très vite, ces images agréables cèdent leur place au souvenir effroyable du coup de feu tiré par l’impitoyable Clarence Boddicker. Sur un fondu au noir, on entend les médecins s’accordant sur son décès. 

Mais l’image revient, en affichant une neige semblable à une perte de signal de télévision. Le champ est comme filtré et ressemble à une vue depuis l’intérieur d’un ordinateur. Des ingénieurs s’activent et manipulent cette chose que nous ne voyons pas encore. 

Le cinéaste met en scène, très simplement, notre manque de vigilance vis-à-vis de la technologie, traduit ici par les ingénieurs qui festoient devant leur machine sans prendre garde. RoboCop de Verhoeven est une œuvre annonciatrice de notre rapport à la technologie, un rapport négligé. Ce que le cinéaste vise, c'est notre égo, notre entêtement à nous penser comme les joueurs et les arbitres de la course technologique – à l'heure de l'intelligence artificielle, cette critique de notre hubris est encore plus parlante.

Pour (re)découvrir en salle RoboCop, en version restaurée 4K, rendez-vous le 24 avril prochain.

Image : RoboCop © Splendor Films

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