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ScÚne culte : Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper
- Michaël Patin
- 2017-10-17
Quoi que lâon pense de la carrieÌre de Tobe Hooper, qui nous a quitteÌs en aouÌt dernier, son nom reste graveÌ dans les annales cineÌphiliques, ne serait-ce que pour les 80 minutes de Massacre aÌ la tronçonneuse. Plus de quarante ans apreÌs sa sortie, le plus culte de tous les films culte reste ineÌgalable en matieÌre de brutaliteÌ (cette manieÌre dâutiliser toutes les ressources du cineÌma pour molester le spectateur), de deÌcorum macabre, dâhumour malfaisant et de terreur aÌ lâeÌtat pur. « Des coupures, des eÌpines, des mauvaises herbes, de la poussieÌre, des cailloux, des insectes et de la souffrance. » VoilaÌ comment lâactrice Marilyn Burns (Sally) deÌcrit dans le documentaire Autopsie dâun massacre le tournage de sa premieÌre grande sceÌne, lorsquâelle tente dâeÌchapper aÌ Leatherface, tueur psychopathe au masque de peau humaine. EÌclaireÌe par la lune, elle se fraye un chemin en hurlant aÌ travers des branchages toujours plus denses, suivie de preÌs par le monstre et le rugissement infernal de sa tronçonneuse. Aux vifs travellings lateÌraux succeÌdent des plans de plus en  plus rapprocheÌs, deÌcadreÌs et eÌtranges, qui associent la deÌsorientation de la victime et celle de son assaillant. ApreÌs un passage dans la maison des horreurs ouÌ vivent lâabominable redneck et sa petite famille (la pauvre croyait y trouver refuge), la course-poursuite reprend en exteÌrieur et sâeÌtire jusquâaÌ lâabstraction. La musique, reÌduite aÌ un drone nauseÌeux, prend acte de cette dilatation du temps, tandis que lâutilisation du zoom, qui ne cesse de rapprocher les deux corps, signe la fataliteÌ inheÌrente au genre, comme si Hopper eÌdictait les reÌgles du jeu en repoussant ses limites â et les noÌtres par la meÌme occasion. AÌ bout de force, Sally se reÌfugie dans une station-service… Cruelle erreur, qui initie le dernier acte outrancier du film. GraÌce aux audaces formelles de Hopper, le film dâhorreur venait de changer de visage aÌ jamais.