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Delphine Lalizout et Armand Éloi : « Un couperet tombe à 50 ans pour les femmes »

  • 2022-02-18

Les films qui mettent en scène des seniors sont à l’honneur ces derniers mois : « The Duke », « A demain mon amour », « Rose », « Maison de retraite »… Signe d’un changement de paradigme ? On a posé la question à l'actrice Delphine Lalizout et à l'acteur Armand Éloi, membres de la commission AAFA-tunnel de la comédienne de 50 ans.

Vit-on un boom des « seniors movies » en ce moment ?

Delphine Lalizout : Ces films sont les arbres qui cachent la forêt. J’ai l’impression que dès qu’un film existe on le remarque, peut-être parce qu’avant il n’y avait rien. Il y a une réelle sous-représentation des seniors dans les fictions. Des femmes, surtout – un couperet tombe à 50 ans pour elles. Sur l’ensemble des films français de 2020, seuls 9 % des rôles sont attribués à des actrices de plus de 50 ans, alors qu’elles représentent un quart de la population française ! Il n’y a eu qu’un film avec un rôle principal féminin et âgé récemment : Rose d’Aurélie Saada (sorti le 8 décembre), avec Françoise Fabian.

Armand Éloi : Cette absence fait croire à nos filles qu’elles vont disparaître de la vie sociale à 45-50 ans.

D. L. : Il y a aussi un désir des plus de 50 ans de s’identifier. Quand il y a des couples à l’écran, la différence d’âge n’est pas représentative de ce qu’elle est dans la réalité, par exemple.

Comment l’expliquer ?

D. L. : Le patriarcat ! Les hommes sont aux manettes et ils mettent à l’écran des femmes qui leur plaisent. Or ils considèrent qu’à partir d’un certain âge les femmes ne sont plus désirables, car plus en âge de procréer.

A. É. : Il n’y a pas de rôles pour ces femmes. Très souvent, par exemple, les rôles de fonction (les maires, les médecins, les dentistes, etc.) sont écrits par défaut pour des hommes. Une des revendications de notre commission, c’est que les scénaristes et directeurs de casting écrivent « un » ou « une » quand le sexe n’est pas complètement lié à la nature du rôle. Malheureusement, quand ces personnages de fonction vont finalement à une femme, celle-ci va généralement à une actrice plus jeune que le personnage initial. Mais je pense que ça va changer, les gens de mon âge sont de plus en plus actifs.

Vous voyez un changement dans les représentations ?

D. L. : Ça fait très longtemps qu’il y a des hommes de plus de 50 ans à l’écran, mais ils ne sont pas forcément considérés comme tels. Ce qui est nouveau, c’est que leur âge soit un sujet, comme dans Rose. C’est une bonne chose. Mais attention, il ne faut pas les cantonner à des maisons de retraite, plutôt montrer toute la diversité de leur vécu.

A. É. : Il y a des films dont les personnages principaux sont des seniors. C’est important, parce que cela permet à des personnages complexes, bien écrits, creusés, d’être portés à l’écran. Mais cela reste encore marginal. L’écrasante majorité des rôles sont secondaires et sont souvent, particulièrement pour les femmes, dans les clichés ou la simplification extrême.

Image (c) Silex Films

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