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Berlinale 2024 : la liste des films sélectionnés dans la catégorie Panorama dévoilée
- Enora Abry
- 2023-12-15
La section Panorama a dévoilé ses onze premiers titres qui seront projetés lors du festival, du 15 au 25 février 2024. On y trouve notamment le Français Jérémy Clapin, réalisateur du superbe film d'animation « J’ai perdu mon corps ».
La toujours très audacieuse section Panorama de la Berlinale, non-compétitive mais ouverte à un vote du public, a une ligne bien précise, “explicitement queer, féministe et politique”. Les œuvres qui y sont présentées sont souvent porteuses de nouveaux sujets et de formes novatrices. Le 14 décembre, le festival a dévoilé les titres qui feront le sel de cette 74ème édition, et qui ont en commun quelques thèmes principaux.
ÉMANCIPATIONS
Dans leur communiqué de presse, les programmateurs de la Berlinale ont remarqué que tous les films mettaient en scène des anti-héros qui décident de se reprendre en main ou de se rebeller.
C’est le cas du nouveau film de l'Allemande Nora Fingscheidt (Benni, 2019). Dans The Outrun, elle racontera l'histoire d'une jeune toxicomane du nom de Nora (interprétée par Saoirse Ronan, héroÏne des films de Greta Gerwig comme Lady Bird ou Les Filles du docteur March). Celle-ci revient dans son Ecosse natale après une cure de désintoxication.
Dans Betânia du Brésilien Marcelo Botta tout comme dans All Shall Be Well de Ray Yeung, originaire de Hong-Kong, deux femmes doivent apprendre à vivre seule et à s’émanciper après la mort de leurs compagnons.
Dans Les Paradis de Diane des Suisses Carmen Jaquier et Jan Gassmann, une femme quitte la Suisse immédiatement après la naissance de son enfant, pour s'installer dans une ville espagnole qu'elle ne connaît pas. « Mais les changements que subit son corps lui rappellent ce qu'elle fuit », nous dit le synopsis.
La fuite en avant de cette héroïne viendra faire écho à celle du personnage d'Andrea dans Andrea Gets a Divorce, qui doit se cacher de la police après avoir écrasé - involontairement - son ex-mari. Réalisé par l'Autrichien Josef Hader, ce dernier promet d'être complètement décalé, à l'image de son précédent long-métrage, La Tête à l'envers (2015), où un journaliste qui vient de se faire virer tente de se venger de son patron à l'aide d'un tas de plans absurdes et inefficaces.
La réalisatrice tchèque Libuše Jarcovjáková racontera quant à elle son combat pour s'extraire des contraintes du régime de son pays dans le documentaire I Am Not Everything I Want to Be.
MYSTICISIME
Les réalisateurs ont parfois donné une dimension mystique à la thématique du voyage et de la quête. I Saw Three Black Lights du Colombien Santiago Lozano Álvarez, par exemple, portera sur la quête d'un vieil homme qui souhaite trouver un endroit paisible pour mourir dans la jungle colombienne - jusqu'à ce que des groupes armés contrecarrent ses plans.
La mort et le deuil seront au centre du prochain long métrage du Français Jérémy Clapin (réalisateur du très beau film d'animation J'ai perdu mon corps, qui imagine une main cherchant à retrouver le corps dont elle a été coupée - le film avait été récompensé à la Semaine de la critique cannoise en 2019). Dans Pendant ce temps sur terre (filmé en prises de vue réelles cette fois), le cinéaste racontera l'histoire d'Elsa, dont le frère a disparu lors d'une opération spatiale. Mais son deuil sera interrompu par son entrée en contact avec une forme de vie non identifiée...
« J’ai perdu mon corps » de Jérémy Clapin: un conte sensoriel et poétique
Lire l'articlePendant ce temps sur terre de Jérémy Clapin
L'Américain·e Jane Schoenbrun poussera cette thématique jusqu'au genre de l'horreur, dans lequel il·elle s'est déjà illustré·e grâce à We're All Going to the World's Fair (2021), où une adolescente perd pied avec la réalité quand elle commence à jouer à des jeux d'horreur en ligne. Même schéma dans son nouveau long-métrage présenté à la Berlinale : I Saw The TV Glow où un adolescent découvre une émission télé mettant en scène un monde surnaturel auquel il commence à croire.
Faire un voyage, c'est aussi se replonger dans sa propre histoire familiale. C'est l'idée de la réalisatrice turque Aslı Özge avec Faruk, sur une femme filmant son père de plus de 90 ans, qui assiste à un phénomène de destruction de son quartier, en proie à la gentrification. Les relations compliquées entre fille et père viendront se greffer à ce bouleversement social.
Faruk d'Aslı Özge
Le réalisateur Lin Jianjie mettra aussi une des parents et des enfants face à leurs démons dans Brief History of a Family qui racontera l'après politique de l'enfant unique à travers l'histoire d'une famille chinoise dont le destin s'entrelace mystérieusement avec celui du nouvel ami énigmatique de leur fils.
En 2023, le public de la section Panorama avait récompensé, pour les fictions, Sira de la Burkinabée Apolline Traoré, film sur une femme développant un instinct de survie hors du commun après avoir été abandonnée dans le désert, qui n'a pas encore de date de sortie en France. Du côté des documentaires, c'est Kokomo City de l’Américaine D.Smith, somptueux film en noir et blanc sur des travailleuses du sexe noires et transgenres, actuellement en salles, qui avait le plus séduit.
Berlinale 2023 : retrouvez tous nos articles !
Lire le dossierLA LISTE COMPLÈTE :
All Shall Be Well de Ray Yeung
Andrea Gets A Divorce de Josef Hader
Betânia de Marcelo Botta
Faruk d'Aslı Özge
I Saw The TV Glow de Jane Schoenbrun
I’m Not Everything I Want to Be de Klára Tasovská et Libuše Jarcovjáková
Brief Historry Of A Family de Lin Jianjie
The Outrun de Nora Fingscheidt
Les Paradis de Diane de Carmen Jaquier et Jan Gassmann
Pendant ce temps sur terre de Jérémy Clapin
I Saw Three Black Lights de Santiago Lozano Álvarez
Photo de couverture : The Outrun de Nora Fingscheidt (c) StudioCanal