Cannes 2024CinémaPETIT ÉCRANCultureQUEER GAZEDIVINE GANGI.A. QUOI ?Le magazine
  • PETIT ÉCRAN
  • Article
  • 5 min

À voir sur les plateformes : un bijou d'animation, une série cartoonesque et une fable animale

  • Lily Bloom
  • 2024-04-26

Notre sélection de pépites à ne pas manquer sur les plateformes en ce moment.

La Route sauvage d’Andrew Haigh (2017)

Le cinéaste britannique Andrew Haigh investit les terres du western américain pour filmer tout en délicatesse l’errance d’un adolescent esseulé, interprété par Charlie Plummer. Livré à lui-même, il trouve un petit boulot saisonnier dans l’Oregon, chez un dresseur de chevaux (Steve Buscemi). Il se prend d’affection pour un pur-sang en fin de carrière, Lean on Pete, et s’enfuit avec lui en quête d’une vie meilleure et d'un vrai foyer. Ce jeune garçon aux doux airs de River Phœnix bouleverse à chaque minute. La Route sauvage est un récit d’apprentissage doux et cruel qui laisse entrevoir l’autre Amérique, violente et désolée, celle des laissés-pour-compte du rêve américain. 

L’Eté dernier de Catherine Breillat (2023)

Redoutable, comme tous les films de Breillat, L’Eté dernier nous entraine dans un vertige sexuel, moral, intellectuel dont on ressort brulés. Breillat filme la relation interdite entre une quadragénaire (Léa Drucker) et son beau-fils adolescent (Samuel Kircher). Elle saisit l’alchimie, le vacillement, le désir, mais ne contourne pas l’obstacle de l’abus de pouvoir, de l’inceste. Le film est une réflexion sur la tentation irrépressible de la chute. Et lorsqu’on joue au jeu des différences avec Queen of Hearts, le film danois dont il est le remake, la justesse du regard de Breillat devient éclatante, assourdissante même.

Le Règne animal de Thomas Caillet (2023)

Un père et son fils (Romain Duris et Paul Kircher, renversants) vivent dans un monde où de plus en plus d’humains se transforment en animaux et sont enfermés dans des cliniques spécialisées. Prêts à tout pour sauver la mère, atteinte elle aussi de ce mal mystérieux, ils partent s’installer dans le Sud. C’est alors que le fils commence lui aussi à muter. Après Les Combattants, le cinéaste surprend avec une fable fantastique à l’ambition folle, un film hybride, fou, fiévreux, qui nous emporte dans un grand élan romanesque. Au-delà des créatures, de l’humour et de l’univers mi-fascinant, mi-inquiétant qu’il réussit à créer, le film bouleverse lorsqu’il explore la relation père-fils.

Fallout de Lisa Joy et Jonathan Nolan (série, 2024)

Deux cents ans après une apocalypse nucléaire qui a frappé les États-Unis, l’humanité est séparée en deux mondes hermétiques. Sous la terre vivent les nantis, terrés dans des bunkers ; au-dessus, mutants, morts-vivants et autres bandits peuplent des paysages désolés. Des pillards s’infiltrent dans un bunker et en kidnappent le maire. Pour le retrouver, sa fille s’aventure dehors et tombe sur un compagnon de route fort charmant dans son armure. Lisa Joy et Jonathan Nolan (Westworld) ne respectent pas du tout la trame du jeu vidéo originel mais tant mieux. C’est bourrin, cartoonesque, fun. Un pur bonheur.

With Gilbert & George de Julian Cole (2008)

Provocateurs, anticléricaux, originaux, les artistes anglais Gilbert & George sont deux figures majeures de l’art contemporain. Ils se montrent dans leurs œuvres bigarrées toujours ensemble, comme un seul être. Se considérant comme des « sculptures vivantes », leur vie quotidienne et leur œuvre se mêlent, elles aussi, dans une douce folie. Le réalisateur, Julian Cole a été leur mannequin et a partagé leur intimité pendant 17 ans. Il signe une plongée inédite dans leur univers facétieux, ludique et politique.

Linda veut du poulet ! de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach

Punie à tort, Linda est en colère et demande à sa mère, Paulette, de lui cuisiner un poulet aux poivrons un jour de grève générale. Ce point de départ permet à Chiara Malta et Sébastien Laudenbach de déployer une aventure menée à tambour battant, dans un feu d’artifices de trouvailles graphiques, de couleurs vives, de gags et d’émotions. Bientôt tout le quartier se lance dans la quête effrénée d’un poulet, dans une pulsion de vie démente, comme un cri de résistance face à la fatalité et au chagrin. On rit et on pleure devant ce bijou d’animation qui a été récompensé en 2023 de la plus haute distinction au festival d’Annecy et du César du meilleur film d’animation. 

Image : © NORD-OUEST FILMS - STUDIOCANAL - FRANCE 2 CINÉMA - ARTÉMIS PRODUCTIONS

Inscrivez-vous à la newsletter

Votre email est uniquement utilisé pour vous adresser les newsletters de mk2. Vous pouvez vous y désinscrire à tout moment via le lien prévu à cet effet intégré à chaque newsletter. Informations légales

Retrouvez-nous sur