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« Frères », « Prison(s) »… Découvrez nos 3 bons plans docus de la semaine

  • Thibaut Sève
  • 2022-04-05

Cette semaine, vous découvrirez une troublante histoire de fratrie, le portrait d’un cinéaste afro-américain essentiel, et une plongée passionnante dans la prison française.

FRÈRES

C’est l’histoire d’une fratrie séparée de leurs parents depuis quinze ans pour mauvais traitements. Placés dans des familles d’accueil à l’éducation parfois violente, ces quatre frères de sang ont très peu de vécu commun à partager. Du haut de ses 23 ans, Patrick, chef de cette meute de loups égarés, tente de reconstruire sa famille, abîmée par la vie. C’est lui qui, enfant, a alerté les services sociaux. En nous surprenant par des suspens et retournements de situations, cette série de trois épisodes joue des codes de la narration sérielle sans se perdre dans une mise en scène artificielle.

Sans doute, le parcours du réalisateur Bertrand Hagenmüller n’est pas étranger à cette réussite. Sociologue, il accompagne des travailleurs sociaux œuvrant dans le monde de la protection de l’enfance. Cette expérience lui ouvre des portes autant qu’elle lui offre une connaissance aigüe du sujet.« Moi aussi je t’aime ma gueule », finit par s’attendrir un des jeunes frères après une prise de bec, comme pour entériner la paix. Sous nos yeux se déploie un éventail de sentiments précieux : l’amour à apprendre, la haine à combattre, le mal-être à dissiper. Une plongée rare dans la psyché d’une famille esquintée.

: Frères de Bertrand Hagenmüller (3x20 minutes, dispo sur France TV jusqu'au 27 décembre 2024)

NAISSANCE D’UN HÉROS NOIR AU CINEMA
Face à l’injustice, certains baissent les bras et d’autres se battent. Ce portrait de Melvin Van Peebles (1932-2021) par les deux réalisatrices Catherine Bernstein et Martine Delumeau le classe dans la seconde catégorie. Ancien conducteur de tramway, le natif de Chicago n’avait pas beaucoup de cartes en main pour chambouler l’histoire du cinéma. L’élément déclencheur de son envie de réaliser des films sera l’image dégradante que les scénaristes et réalisateurs d’Hollywood affublaient aux personnages afro-américains. Pour lui, jeune homme noir issu de la classe ouvrière, aucune identification possible avec ces rôles trop souvent négatifs.

Réprouvé par l’industrie du cinéma de Los Angeles, c’est à Paris que son talent va éclore dans les années 1960. Que ce soit avec Cabu et Wolinski au sein du magazine Hara Kiri, ou son premier long métrage tourné à Paris (La Permission, 1968), la France accélère sa carrière, comme le révèlent en interview les enfants du cinéaste. C’est en prophète d’un cinéma d’avant-garde que Melvin Van Peebles retournera aux Etats-Unis en tant que comédien et scénariste pour son coup de maître : Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (1971), l’histoire d’un héros noir qui s’affranchit de toutes ses chaînes. Ce film fauché sera à la base d’un genre cinématographique : la Blaxploitation et son combat pour replacer dans l’imaginaire collectif des héros noirs positifs : de Shaft de Gordon Parks (1972) à Foxy Brown de Jack Hill (1974) jusqu’à Malcom X de Spike Lee (1992). Van Peebles fut l’étincelle de ce mouvement culturel dont la révolution résonne encore aujourd’hui. 

: Sweet Sweetback - Naissance d'un héros noir au cinéma de Catherine Bernstein et Martine Delumeau (dispo sur Arte jusqu'au 18 septembre 2022)

SCÈNE CULTE : « Sweet Sweetback's Baadasssss Song» de Melvin Van Peebles

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PRISON(S)

« Quand on met le pied pour la première fois en prison, qu’on soit détenu, surveillant ou famille de détenus, on se rend compte que ce n’est pas le Club Med. » Partie de cette forte impression, la réalisatrice Charlotte Lavocat a pensé Prison(s), une série documentaire passionnante qui dresse un état des lieux de l’univers carcéral français, d’où émane une vision apaisée. Car le trash n’est pas recherché. Le travail journalistique est plus fin, nuancé. C’est un monde en surchauffe que documentent ces cinq courts épisodes. La parole bienveillante des surveillants est révélatrice du manque de moyens dont pâtit l’institution.

De l’autre côté des barreaux, les mots de détenus pointent la douleur d’une privation de liberté ressentie comme une punition. La mise en scène appuie leur sensation d’enferment avec la belle idée de filmer les prisonniers en format 4/3. Loin des fantasmes cinématographiques qui collent à la prison, ce constat à la fois juridique et sociologique fait puissamment réfléchir aux conditions d’emprisonnement en France.

: Prison(s) de Charlotte Lavocat (5x20 minutes, dispo sur France TV jusqu'au 6 janvier 2025)

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