Ton accréditation cannoise a été refusée ? Pendant que tes collègues twittent à longueur de journée sur les soirées VIP de Cannes Plage, tu mates en boucle la cérémonie d'ouverture de la 76e édition ? Michael Douglas, Palme d'or d'honneur cette année, est ton acteur préféré et tu fais une fixette sur ce selfie avec lui que tu n'auras jamais ? Cher puni de Cannes, tu es au bon endroit. Dans ce safe place un brin insolent, mais jamais rageux (quoi que), on partage les joies et déboires des festivaliers.

Parlons peu, parlons canin. Rarement les stars cannoises se seront autant fait voler la vedette par des toutous qu'en cette 76e édition. Une semaine après le début du festival, des dizaines de films au compteur, des neurones grillés et des ampoules aux doigts à force de rédiger leurs textes au fast food du coin, nos journalistes ne s'intéressent plus qu'à une chose : un dog gate d'une ampleur inédite survenu sur le tapis rouge. Pour faire bref : il est apparemment plus facile de décrocher une accred' pour un chien que pour un critique. Plus qu'à adopter un chihuahua avant mai prochain.

Et le bien heureux toutou cinéphile qui a pu mater tranquillement le Scorsese à votre place est... un bulldog français !

Suite (et fin provisoire) de la dog mania en compagnie de Pedro Almodóvar. Avec un tel animal de compagnie, pas besoin d'accessoires.

L'ambiance entre confrères journalistes devient délétère. On ne s'écharpe plus pour savoir qui remportera la Palme d'or mais pour savoir qui n'a pas eu le temps de se remettre du déo entre deux projos.

Affamés, apathiques, les critiques de cinéma cannois sont les cousins éloignés des zombies de Dernier train pour Busan. On a pas hâte de les croiser sur le quai de la ligne 6 le jour de leur retour à Paris.

AVIS DE RECHERCHE : que le délinquant de la salle Debussy se dénonce. Ou partage son calumet de la paix pour lors de la prochaine projection qu'on prédit longue.

Et oui, les coulisses de Cannes ressemblent ni plus ni moins à votre PMU de quartier - les discussions y sont toutes aussi spirituelles (courage à Vincent Elbaz, qui a fait le pire choix de carrière avec la série BRI, dans lequel il campe un voyou en veste à croco doté d'un accent incompréhensible qui lui vaudra bientôt un Razzie Awards).

Notre état d'esprit à J-4 du palmarès - car même à Paris, on mange Cannes, on boit Cannes, on dort Cannes :

Et la Palme du coucou de la main le plus sophistiquement snob revient à Lily-Rose Depp, venue présenter The Idol, la série de Sam Levinson, hors-compétition. On vous souhaite de trouver la même assurance qu'elle dans la vie lorsque vous montez en Uber éméché à 4h du matin.

Il y en a un qui ne rigole pas avec le professionnalisme à Cannes : le finlandais Aki Kaurismäki, venu présenter sa fable romantique Les Feuilles mortes en compétition. En conférence de presse, à la journaliste Caroline Vié qui le congratule en préambule, le réalisateur lâche un ferme : "Pas de félicitations avant d'avoir vu le film". On a hâte de le voir sermonner le public sous les applaudissements si jamais il remporte un prix.

Pour conclure en beauté (et sans cynisme, une fois n'est pas coutume), une vidéo des reines du dance floor Brie Larson (membre du jury en compétition officielle cette année) et Michelle Yeoh. Le talent parle de lui-même et ne souffre d'aucun commentaire.