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mk2 Institut - Une soirée avec Paulin Ismard

  • Joséphine Dumoulin
  • 2021-09-15

Le 23 septembre, rendez-vous à 20h au mk2 Quai de Loire avec Paulin Ismard, spécialiste de la Grèce antique, qui publie un ouvrage collectif consacré à l’esclavage dans le monde, et Cécile Vidal (directrice d’études à l’EHESS, spécialiste des empires coloniaux et de l’esclavage).

L’abolition de l’esclavage et sa reconnaissance comme crime contre l’humanité en 2001 peuvent laisser penser que le phénomène appartient aujourd’hui à un passé révolu. Pourquoi écrire son histoire ?

L’histoire de l’esclavage a longtemps été tenue pour une forme de passé subalterne. L’idéal abolitionniste du xixe siècle, dont les Européens ont longtemps pensé qu’ils étaient les seuls inventeurs, y est pour beaucoup. Celui-ci nous a appris à considérer l’esclavage comme un reliquat détestable propre à des âges obscurs, voué à disparaître devant le progrès moral et politique des sociétés. L’abolition interdisait ensuite que le passé de l’esclavage acquière le statut d’histoire. Or, renvoyer l’esclavage à un long cauchemar dont l’abolition nous aurait réveillés est une autre manière de ne pas vouloir savoir. Le passé esclavagiste n’est pas une autre histoire, et ce n’est pas une histoire des autres.

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Comment définir l’esclavage ?

Tout dépend. Les formes sont très variées, selon qu’on insiste sur le droit de propriété qu’exerce un individu sur un autre réduit à l’état de bien meuble, ou sur la mort sociale subie par l’esclave ; sa légitimation par le droit de la guerre ou par un discours fondé sur la race. Il faut aussi considérer les sociétés esclavagistes, des sociétés qui ne pourraient se reproduire sans le recours aux esclaves, et qui les placent au centre de leur fonctionnement. C’est notamment le cas des sociétés antiques gréco-­romaines.

La notion d’esclavage moderne est aujourd’hui souvent employée pour décrire les conditions de certains travailleurs. Dans quelles mesures cette expression est-elle pertinente selon vous ?

L’esclavage demeure une réalité contemporaine. En 2016, le Bureau international du travail considérait que le trafic d’êtres humains concernait quarante millions de personnes – et il ne s’agit là que d’une partie des formes d’exploitation qu’on pourrait qualifier d’esclavage. Mais l’usage du terme renvoie aujourd’hui aussi à une nébuleuse de significations, exprimant souvent la liberté bafouée et l’atteinte à la dignité humaine. L’expression est problématique si on entend décrire la condition de vie de certains travailleurs précarisés au regard de ce que fut historiquement le statut d’esclave. Son emploi rappelle toutefois que l’esclavage a été et demeure une potentialité intrinsèque au développement du capitalisme mondialisé.

Les Mondes de l’esclavage. Une histoire comparée, sous la direction de Paulin Ismard (Seuil, 896 p., 29,90 €)

« Rencontre avec Cécile Vidal (directrice d’études à l’EHESS, spécialiste des empires coloniaux et de l’esclavage) et Paulin Ismard (maître de conférences en histoire grecque à l’université Paris I – Panthéon Sorbonne) » , le 23 septembre à 20 h au mk2 Quai de Loire

Photographie : Emmanuelle Marchadour

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