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PETIT ECRAN · À voir sur mk2 Curiosity : entrez dans la danse avec Demy, Arnold et Truffaut
- Hugues Porquier
- 2023-08-17
Chauffez votre voix, enfilez vos chaussures les plus confortables et laissez-vous embarquer dans cette sélection de films virevoltants, portés par la musique, le chant et les corps qui dansent.
mk2 Curiosity / Le cinéma en version très originale
Découvrez la plateformeDe Jacques Demy à Jean-Luc Godard en passant par François Truffaut ou Agnès Varda, danse et musique ont rythmé les années folles de la Nouvelle Vague. Dès 1961, Jacques Demy - faute de trouver des producteurs acceptant de financer une comédie musicale - se tourne vers un genre hybride, en intégrant la danse et le “parlé-chanté” à son premier long métrage, Lola (1961). Accompagné par la musique du grand Michel Legrand, il filme Nantes, sa ville de cœur. Il nous invite à rencontrer Lola, une danseuse et chanteuse de cabaret jouée par Anouk Aimée, dont la chanson éponyme, écrite par Agnès Varda, a gardé toute sa saveur.
3 ans et un long métrage plus tard - et la confiance des producteurs dans la poche - Jacques Demy s’attaque à sa première véritable comédie musicale, c’est-à-dire entièrement chantée, avec Les Parapluies de Cherbourg (1964), Palme d’or au Festival de Cannes, ce film “en-chanté” qui révéla Catherine Deneuve, raconte l'idylle entre Geneviève, fille d’une marchande de parapluies sans le sou et Guy, garagiste mobilisé pour la guerre d’Algérie.
Suivront Les Demoiselles de Rochefort, en 1967. La danse et la musique rythment de part en part la mise en scène et la vie de Delphine et Solange, deux jumelles jouées par Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, qui font la connaissance de forains arrivés en ville. Après Nantes, et Cherbourg, le cinéaste français pose sa caméra à Rochefort, et retrouve son précieux compositeur Michel Legrand.
Dans son deuxième long métrage, Tirez sur le pianiste (1960) – dispo gratuitement sur mk2 Curiosity –, François Truffaut intègre la danse et la musique au cœur de son récit, qui reprend les codes du film noir. Un pianiste timide, Charlie Kohler (joué par Charles Aznavour), est poursuivi par des gangsters en raison des agissements de son frère. À l’instar de la candeur de Jean-Pierre Léaud dans Les 400 Coups (1959), premier long de Truffaut, la moue nostalgique et fragile d’Aznavour donne toute sa force au film, et prouve que le chanteur, qui tient là son premier rôle principal, fut aussi un acteur de grand talent.
Dans Fish Tank (2009), le chef-d'œuvre de la Britannique Andrea Arnold, la danse sert d’exutoire à Mia, qui voit dans le hip-hop le moyen de s’extraire de son quotidien douloureux dans une banlieue anglaise défavorisée. Cette pratique artistique lui permet d’entrevoir un avenir plus libre et radieux, loin d’un cocon familial toxique qui semble la conduire tout droit vers une vie de misère et de violence.
Notre sélection fait également la part belle à l’exploration des corps qui dansent par le documentaire. Cédric Klapisch s’est découvert un intérêt pour la danse classique après avoir filmé une ballerine du Bolchoï dans Les Poupées russes en 2005, avant d’en faire le sujet principal d’une autre fiction, En corps, en 2022. Cette passion l’a amené à consacrer ce documentaire fascinant, Aurélie Dupont - L’espace d’un instant (2010), au travail d’une danseuse étoile du ballet de l'Opéra national de Paris.
Continuez à battre le rythme avec votre gros orteil sur les musiques des plus grandes comédies musicales américaines, qui illustrent le passionnant Let’s Dance (2008). Dans ce documentaire remuant, Clara et Julia Kuperberg nous plongent dans l’histoire de ce genre phare d’Hollywood, à travers les témoignages de deux géants : l’actrice et danseuse Cyd Charisse (Chantons sous la pluie, 1952), et Hermès Pan (chorégraphe de Fred Astaire, Ginger Rogers et… Michael Jackson).
En 2010, les sœurs Kuperberg s’intéressent de nouveau à ce genre, en nous racontant l’histoire de Stanley Donen, le plus grand réalisateur de comédies musicales de tous les temps. Il a notamment signé Chantons sous la pluie (1952), Drôle de frimousse (1957), Un jour à New York (1949) ou Les Sept Femmes de Barberousse (1954).
On poursuit avec un film belge délicieusement inclassable, Rumba (2008). Les trois réalisateurs (Bruno Romy, Dominique Abel, Fionna Gordon) utilisent le langage corporel et la danse pour rythmer la narration, au cœur d’un univers à l’esthétique ultra-colorée qui rappelle celle de Wes Anderson. Un ton décalé où le dispositif singulier, entre plans fixes et ellipses visuelles, parvient à nous envoûter totalement, et à nous faire rire grâce à des gags burlesques exquis.
Et on finit par Le Tango de Satan, du maître hongrois Béla Tarr. Ce n’est certes pas le film le plus musical de cette sélection, mais on tenait absolument à vous le faire découvrir. Son titre fait écho à ces scènes inoubliables dans lesquelles des villageois ivres se lancent dans une danse frénétique, rejoints par un couple qui entame un tango. Le réalisateur prend son temps pour dépeindre l’éprouvante réalité de la Hongrie après la chute du régime communiste. La danse rythme les soirées alcoolisées du bistrot d’un village perdu, où la grande pauvreté entraîne agonies et souffrances.
Au programme également : On vous propose aussi de rencontrer le réalisateur Patric Chiha qui, à l’occasion de la sortie en salles de son nouveau film La Bête dans la jungle, nous propose gratuitement un de ses courts métrages et une sélection de ses films préférés. Découvrez également – et gratuitement – notre Série cinéma du moment avec le premier épisode de On vous parle de… de Chris Marker, consacré au libraire engagé François Maspero. Sans oublier notre film surprise, qui prolonge l’expérience de notre collection consacrée à la danse.
Patric Chiha : « Le club, c'est l’espoir de vivre plus, lié à la tristesse du temps perdu »
Lire l'entretienImages : © mk2 Films