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Trois films de M. Night Shyamalan où l’enfance côtoie l’effroi  

  • Marie-Manon Poret
  • 2023-02-03

Alors que « Knock At The Cabin », huis clos oppressant dans lequel deux parents et leur petite fille font face à une menace apocalyptique, est à voir en salles, retour, en 3 films cultes, sur les liens (souvent maléfiques et torturés) entre enfance et horreur dans le cinéma de M. Night Shyamalan.

1) Un enfant-voyant dans Sixième sens  

Dans ce film de fantômes au plot twist mémorable, un psychologue de renom (Bruce Willis) découvre que Cole (Haley Joel Osment), un petit garçon perturbé, est capable de voir les morts. A partir de ce canevas très classique - la peur de la mort, grande crainte qui jaillit à l'âge juvénile -, le réalisateur prend le contre-pied des codes horrifiques, laissant presque toujours les fantômes hors-champ, afin de suggérer l’effroi et faire grandir une angoisse latente. La deuxième originalité du film tient à son personnage d’enfant, aussi terrorisé que terrorisant. Un peu comme le Dany de Shining, Cole est un « freaks » aux yeux des autres, mais surtout pour lui-même. Une ambiguïté que le réalisateur matérialise en adoptant régulièrement le point de vue de cet enfant, à la fois démoniaque et victime, grâce à une caméra subjective, et un objectif fisheye, qui déforme le monde autour de lui, le sépare des autres.  

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2) Des petits-enfants terrorisés par la vieillesse dans The Visit   

Deux ados, Tyler et Rebecca, rendent visite à leurs grands-parents en Pennsylvanie, qu’ils n’ont jamais vus. Très vite, le séjour bascule au cauchemar, face au comportement étrange de ces aïeuls. L’apogée de cette angoisse, filmée en caméra subjective à la manière de Paranormal Activities, survient lorsque la grand-mère, complètement possédée, se jette sur ses petits-enfants. Un plan filmé à la lumière infrarouge, au milieu de l’obscurité, et dans lequel la vieille femme se transforme en vampire assoiffée de sang. Ici, le réalisateur nous tend un miroir de la terreur que suscite en nous la vieillesse. La figure rassurante et chaleureuse de la grand-mère devient celle d’une sorcière, qui tente d’achever la jeunesse.  Avec ces grands-parents décrépis, dont le corps provoque le dégoût, The Visit s’offre comme une métaphore de la déchéance sénile, que notre société ne veut pas voir. Une parabole d’autant plus redoutable que le film, qui se présente comme un faux found foutage – Rebecca filmant absolument tout à travers sa caméra -, met en place un régime d’image immersif, qui permet au spectateur de vivre en temps réel l’effroi.  

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3) Des bambins précipités à l’âge adulte dans Old  

 Dans Old, des vacanciers découvrent que l’île paradisiaque où ils résident renferment un terrible sortilège : l’endroit les fait vieillir prématurément, les précipitant vers la mort plus tôt que prévu. Le corps des enfants se métamorphosent, leurs voix muent, leur ossature se développent, leur pilosité gagne du terrain. Pour suggérer astucieusement cette mutation corporelle express, Shyalaman utilise des jeux de regard dirigés au hors champ : le spectateur, privé de cette métamorphose, doit se contenter de voir les parents se décomposer en voyant leur progéniture croître artificiellement. On devine, au bord d’un cadre, une épaule en amorce qui a grandi, ou bien, grâce à un habile mixage sonore, une voix qui change. Soudain, Shyalaman transforme la figure rassurante de l’enfant en monstre, emprisonnant des êtres innocents dans des corps qu’ils ne contrôlent pas. Le réalisateur avait déjà exploré cette piste dans Split : Hedwig, un enfant de 8 ans, y voyait sa personnalité enfermée aux côtés d’une trentaine d’autres dans le corps d’un adulte aux traits monstrueux. Pour Shyalaman, ces métamorphoses, à la fois grotesques et déviantes, sont aussi une façon de dire la versatilité de l’être humain, sa schizophrénie intrinsèque.  

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