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« Compétition officielle » de Mariano Cohn et Gastón Duprat : jeux d’égos
- Lucie Léger
- 2022-05-25
Penélope Cruz et Antonio Banderas brillent dans cette mise en abyme assumée. En manipulant habilement autodérision et clichés, les Argentins Mariano Cohn et Gastón Duprat célèbrent un cinéma en majesté.
Pour réaliser le film qui raflera toutes les récompenses, un riche mécène engage Lola Cuevas (royale Penélope Cruz) et la charge de diriger les deux meilleurs acteurs d’Espagne.
Sur fond de pluie battante et de musique sensationnelle, le visage de la réalisatrice trône au centre d’un gros plan pendant qu’elle raconte l’intrigue à son bienfaiteur, bouleversé, une coupe de glace en main… En se moquant de cette mise en scène dramatique trop facile, Mariano Cohn et Gastón Duprat, les réalisateurs, donnent le ton : ils veulent qu’on reste de leur côté, critiques et attentifs. Quand Cuevas exige de ses acteurs des nuances d’émotions impossibles, quand elle tapisse une pièce de micros pour entendre le bruit d’un baiser, on se délecte de la palette de jeu d’Antonio Banderas, ici starlette méprisante, et du travail sur le son, qui place le spectateur en point de vue subjectif.
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Lire l'articleMais c’est dans la joute d’ego entre les trois personnages que le film démontre son intelligence : les acteurs restent arrogants ; la réalisatrice, tyrannique. On ne cherche pas à les humaniser, plutôt à montrer le cinéma comme un monde parallèle qui transforme les individus en narcisses modernes, mais dans lequel l’art passe, pour une fois, avant tout le reste.
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Lire l'articleCompétition officielle de Mariano Cohn et Gastón Duprat, Wild Bunch (1h54), sortie le 1er juin
Image: © StudioCanal