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« Le Périmètre de Denver » : Vimala Pons pulvérise les lois de l’attraction dans un nouveau spectacle fou

  • Quentin Grosset
  • 2022-02-23

« Le Périmètre de Denver », c’est un espace mental d’altération du rapport à l’identité et à la réalité. Avec un sens de l’absurde et du transformisme hilarants, Vimala Pons incarne une multitude de personnages dans cette zone où tout paraît incertain (même les lois de la gravité) alors qu’ils sont tous suspectés d’un meurtre dans un étrange centre de thalasso.

On imagine qu’entre la scène et nous, il y a comme un miroir sans tain, comme dans les commissariats où l’on doit reconnaître le coupable parmi quelques suspects. S’y tient là une Angela Merkel aux traits grimaçants et siliconés, premier de la presque dizaine de personnages qu’incarne Vimala Pons dont le jeu sans cesse ondoyant tient 1h15 de spectacle.

L’ex-chancelière se justifie le temps d’un interrogatoire abstrait, sans flic, sur la dernière journée qu’elle a passée lors de ce meurtre par empoisonnement dans un centre de thalasso de Brighton. Mais, finalement, alors qu’elle se saisit d’un empilement de grosses pierres (qu’elle appelle sa « carrière »), elle nous raconte son amour déçu avec sa conseillère d’orientation tout en se délestant de ses mille couches de vêtements...

Vimala Pons : « L’équilibre, c’est toujours rétablir le déséquilibre »

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Dans le déferlement d’alibis des personnages campés par Vimala Pons (elle se mue en un éclair en vieille femme, en troll payé pour détruire des réputations sur le web, en commercial Start up-nation…), l’actrice-circassienne retient surtout leurs étonnantes digressions. Leurs excuses ne sont plus en rien performatives, elles dérivent, délirent.

C’est alors comme si un roman policier d’Agatha Christie avait été revu et corrigé par Ionesco. Si bien qu’on ne cherche même plus à recouper les différentes versions, car la performeuse invente un espace étrange, sans culte du sens : la parole n’y a plus de prise sur rien, même plus sur la temporalité, ni plus sur la gravité. Ses personnages qui se mettent soudain à porter des rochers, des voitures, ou des escaliers, comme si c’étaient des plumes, paraissent des Sisyphe se débattant avec leur environnement d’une nouvelle manière. Plus rien n’est figé et soudain, tout est à la fois plus flottant, drôle et léger.

Le Périmètre de Denver de Vimala Pons, jusqu’au 23 avril au Centre Pompidou

Image (c) Makoto Chill Okubo

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