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PETIT ÉCRAN · « Holy Motors », le bijou beau-bizarre de Leos Carax, est dispo sur France TV

  • Léa André-Sarreau
  • 2020-03-24

Traversée loufoque et onirique à travers l’histoire du cinéma, mise en abyme vertigineuse dans la propre filmographie de son réalisateur, ce chef-d’œuvre singulier de Leos Carax sorti en 2012 est à revoir en ce moment sur France TV.

Derrière les vitres teintées d’une limousine qui file dans la nuit, M. Oscar (Denis Lavant), riche homme d’affaires conduit par une mystérieuse femme (Edith Scob), s’apprête à entamer une série de neuf rendez-vous. Pour chacun d’entre eux, il fera peau neuve, revêtira un nouveau déguisement, dévoilant – ou simulant ? – une nouvelle facette de son identité-caméléon…

Délicat de résumer l’intrigue labyrinthique d’Holy Motors sans en briser le charme ésotérique. Le mieux que l’on puisse en dire, c’est que, comme un alcool qui vieillirait bien avec le temps, ce film-fleuve de Leos Carax se savoure de manière croissante au fil des visionnages. La première fois, il produit un effet de sidération miraculeux. La deuxième fois, il révèle sa facette ludique ; la troisième, il se déploie comme un manifeste poétique. Mais comme on n’est pas encore tout à fait sûrs d’avoir épuisé ses innombrables niveaux de lecture, on vous recommande de le revoir sur France TV.

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D’abord parce qu’Holy Motors est un chant d’amour brut adressé au cinéma, dénué du spleen qui caractérise habituellement le cinéma torturé de Leos Carax, entièrement voué à faire renaître à travers de nouveaux visages des icônes d’un autre temps – c’est la perruque blonde de Kylie Minogue qui évoque de façon troublante la coupe de Jean Seberg, le masque d’Edith Scob rappelant affectueusement son rôle évanescent dans Les Yeux sans visage de Georges Franju. Ensuite, parce que le réalisateur nous invite à revisiter (et dans un même mouvement, à la désacraliser avec malice) sa propre filmographie, grâce à un système de rimes visuelles, d’échos inter-filmiques. Au détour d’une séquence, le spectateur complice reconnaît la danse fougueuse de Denis Lavant dans Mauvais Sang, les décors désolés des Amants du Pont-Neuf, ou encore son alter-ego fictif Monsieur Merde, héros de son court-métrage Merde en 2008.

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Plus grand tour de force : malgré ce jeu méta, Holy Motors n’a rien de l’éloge passéiste et narcissique. C’est un film qui regarde vers l’avenir, pour prouver que la matière cinéma est inépuisable, que la fiction est un terreau résolument fertile. Leos Carax le prouve en déployant avec l’habileté d’un conteur de nombreuses saynètes qui renvoient chacune à un genre de l’histoire du cinéma : une comédie musicale à l’américaine, un polar caustique à la Melville, un huis clos psychologique à la Pialat. Et même une chorégraphie dansée en image de synthèse, ultime clin d’œil visionnaire de Carax au cinéma de l’avenir.

Pour voir le film, cliquez ici.

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