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I.A. QUOI ? · Contrôle et conséquences

  • Julien Dupuy
  • 2024-04-08

L’édito de Julien Dupuy. Les premiers tests du générateur de vidéos Sora semblent marquer un nouveau jalon dans le développement des I.A. génératrices. Les images diffusées par OpenAI sont très photoréalistes, extrêmement détaillées et quasi dénuées d’aberrations visuelles. Pour tout dire, elles semblent en mesure de concurrencer toute autre forme de média, à commencer par le cinéma live.

Les premiers tests du générateur de vidéos Sora semblent marquer un nouveau jalon dans le développement des I.A. génératrices. Les images diffusées par OpenAI sont très photoréalistes, extrêmement détaillées et quasi dénuées d’aberrations visuelles. Pour tout dire, elles semblent en mesure de concurrencer toute autre forme de média, à commencer par le cinéma live. À titre d’exemple, on vous renvoie vers The Golden Record de Paul Trillo qui avait signé, il y a un an environ, Thank you For Not Answering, dont nous vous avions parlé ici même. Voir le bond qualitatif entre ces deux courts-métrages est en tout point étourdissant.

Les prouesses de Sora interrogent, entre autre chose, sur la nécessité d’un savoir-faire : puisqu’ils sont extrêmement autonomes, les générateurs n’exigeraient de leur utilisateur qu’une idée, et non plus une maitrise de la photographie, du cadre ou du découpage. C’est même l’un des arguments avancé par la star Tyler Perry lorsqu’en février dernier, et après avoir vu les premiers tests de Sora, il a mis en suspens son projet d’extension de ses studios pour lesquels il envisageait d’investir 800 millions de $ : « Si je veux de la neige dans le Colorado, je n’ai plus qu’à faire du texte, expliqua-t-il à Variety. Si je veux une scène qui se déroule sur la Lune, je me contente de taper du texte. »

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Seulement voilà : Sora, quand bien même il est manipulé par des personnes aussi expérimentées que Trillo, ne propose qu’une succession de visions, qu’il est finalement difficile d’articuler en un récit cohérent. Et c’est sur ce point que surgit l’un des grands enjeux des générateurs : le contrôle. À partir de l’instant où on lui soumet une idée, la machine propose un produit fini en toute autonomie. Mais en revanche, l’utilisateur doit accepter, voire embrasser, le fait que le générateur ne lui donnera pas exactement ce qu’il souhaite : il faut donc composer avec un résultat aléatoire, une contrainte qui peut devenir extrêmement frustrante.

Il existe d’ores et déjà des moyens de contourner cette limite, par exemple en retouchant le résultat obtenu avec des logiciels comme After Effects ou Photoshop. Certaines lignes de codes insérées dans les prompt peuvent assurer, par exemple, la récurrence du même personnage. Et plusieurs outils I.A. proposent déjà plus de contrôle : c’est le cas de Walt, le générateur d’images de Google, qui offre la possibilité de tourner autour des modèles générés, autrement dit de choisir un angle spécifique du visuel obtenu. Mais avec cette capacité de contrôle, les outils sont fatalement condamnés à se complexifier.

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Et c’est là toute l’ironie de la situation : alors que la facilité d’usage de ces générateurs a défrayé la chronique, un utilisateur qui cherche à concrétiser une vision spécifique à travers une I.A. doit en réalité se soumettre à un apprentissage des outils, comme c’est déjà le cas de toute forme d’expression artistique. Ça n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard s’il existe déjà des formations pour maitriser ces programmes d’autant plus difficiles à appréhender, qu’ils se multiplient et évoluent constamment. Finalement, le désir de contrôler les I.A. génératives pour en tirer une vision spécifique, ne va pas marquer une évolution si radicale par rapport à d’autres processus créatifs. Et ce sera aussi, à n’en point douter, par la maitrise des générateurs que des artistes parviendront à se singulariser.

EN + L’animateur Owen Fern (Maurice le chat fabuleux, Fortnite) fait un retour pertinent sur une personnage animé par Sora et souligne la nécessité de contrôler le résultat pour obtenir l’effet voulu.

EN + Un autre formidable test de Sora : le court-métrage Air Head signé Shy Kids

EN + Sam Altman parle des limites et des promesses de Sora.

I.A. Playlist

Artefact, société de services de données spécialisée dans les I.A., et MK2 s’associent pour créer le festival Artefact AI Film Festival. Présidé par le réalisateur Jean-Pierre Jeunet, le festival se déroulera en novembre prochain et récompensera les meilleurs films conçus via plusieurs outils I.A. sur un thème commun : « Réalité(s) ». Les IArtistes pourront candidater dès le 5 juin prochain.

I.ARTISTE ⸱ Volcan : « L’I.A. est ce qui se rapproche le mieux d'un langage onirique, comme si les machines rêvaient. »

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Une carte foisonnante pour mieux comprendre ce qui se cache derrière une I.A. générative.

Un curieux projet de parodie/remake de Terminator 2 : Le Jugement dernier conçu par une cinquantaine d’artistes via des I.A. génératives. Ce long-métrage en devenir ambitionne de célébrer à la fois les possibilités de ces nouveaux outils tout en dénonçant l’émergence des I.A.

Selon un récent sondage (et il faut toujours se méfier des sondages), 22% des spectateurs américains estiment que les I.A. seraient en capacité de concevoir des séries et des films plus intéressants que les œuvres signées par des humains.

A Surprising Number of Consumers Believe AI Could Make Better Shows, Movies Than Human Creators

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