Fin de la grève des acteurs à Hollywood : ce qui va changer

Les tournages vont pouvoir reprendre. Après la grève des scénaristes, débutée en mai et achevée en septembre 2023, c’est à la grève des acteurs, qui durait depuis le 14 juillet 2023, de prendre fin. Deux mobilisations historiques dans l’histoire du pays, qui n’en avait pas connu de pareille depuis les années 1960. Pour l’industrie, le bilan a été lourd : plusieurs milliards de pertes de recettes, et des programmes phares retardés tant côté film (Dune II initialement prévu pour fin 2023 sortira finalement en mars 2024) que côté série (la saison 3 d’Euphoria a été repoussée en 2025). De quoi presser les géants de l’industrie comme Disney, Netflix, Warnos. Bros et Universal.

Les 118 jours de mobilisation ont été payants pour la SAG-AFTRA, qui a affirmé dans un communiqué ce 8 novembre mettre fin à la grève dès le lendemain grâce à un accord “évalué à plus d’un milliard de dollars.” Le contenu exact de cette convention collective, d’une durée de trois ans, n’a pas encore été dévoilé - le syndicat apportera des précisions dans les prochains jours - mais on sait déjà qu’elle contient des engagements susceptibles de calmer les craintes formulées par les acteurs.

Une revalorisation des salaires 

Tout comme les scénaristes, les acteurs avaient pour principal objectif de protéger leurs salaires, menacés par les plateformes de streaming (Netflix, Prime, Disney+, etc). En effet, ces dernières produisent des séries moins longues que les formats télévisuels - entre dix et douze épisodes en moyenne par saison - ce qui n’assure plus aux acteurs un revenu stable sur de longues périodes.

Ensuite, la rediffusion des œuvres sur les plateformes ne profitait pas - ou peu - aux acteurs. Une rétribution leur était donnée à l’achat des droits de diffusion, mais ils ne percevaient aucune majoration en fonction du succès du programme, à l’inverse des rediffusions télévisuelles. 

En réponse à ces réclamations, la nouvelle convention prévoit des primes pour les rediffusions en streaming, ainsi qu’une revalorisation de 8% du salaire minimum. Une augmentation en dessous des 11% initialement demandés par les syndicats d'acteurs, mais tout de même plus importante que les 5% initialement proposés par les majors.

Une protection face à l’intelligence artificielle 

S’il y a bien une thématique qui inquiète le monde de l’art, c’est l’IA. On l’imagine voler le travail des graphistes grâce à des images créées numériquement, celui des écrivains et des scénaristes avec des scripts inventés en une fraction de secondes. Les acteurs craignent eux aussi que les studios clonent leurs voix et leurs images pour les réutiliser à l’envie, même après leur mort, comme on a pu le voir dans dans Star-Wars : Rogue One (2016) où Peter Cushing, décédé en 1994, réapparaissait grâce aux images de synthèses, à la plus grande surprise des fans. 

Le communiqué de la SAG-AFTRA reste assez flou sur les solutions proposées à ce sujet, mais promet des “dispositions sans précédent concernant le consentement et la rémunération qui protégeront les acteurs de la menace de l’IA” . Autre revendication restée pour l'instant sans réponse : le versement d’un pourcentage prélevé sur chaque abonnement, qui serait versé par les plateformes à la SAG-AFTRA. Celle-ci réclamait 0,57 dollar (0,54 €) par an sur chaque abonnement pris par une plateforme. Objectif : gonfler la caisse des retraites et l’assurance maladie des 160 000 membres du syndicat. Des nouvelles seront peut-être apportées à ce sujet lors du dévoilement du contenu exact de la convention collective, qui doit encore être approuvée par un vote collectif des membres de la SAG-AFTRA, vu comme une formalité.

Quoiqu’il en soit, de nombreux acteurs américains ont accueilli avec joie l’issue de cette grève, comme la réalisatrice et productrice Jamie Lee Curtis, qui félicite la présidente de la SAG-AFTRA Fran Dresher.