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Vu au festival de Clermont-Ferrand : « Almost A Kiss » de Camille Degeye

  • Quentin Grosset
  • 2023-01-31

Une jeune femme vient chercher les cendres de son père dans la zone périphérique d’Albi. Dans ce road movie autobiographique empli d’une discrète dérision, la cinéaste Camille Degeye questionne le deuil et ses rites grâce une poésie toute en bribes et bifurcations.

« Montrez comment une civilisation honore ses morts et je vous dirai quelle est la morale de ce peuple. » Quand Camille découvre cette citation de Churchill ornant le crématorium où elle vient récupérer l’urne funéraire de son père, elle a l’air plutôt déboussolée. Toute emmitouflée et masquée (on est apparemment dans une période proche des confinements, quand un nombre limité de proches pouvaient assister aux inhumations), elle vient de traverser Albi au petit matin, arrivant de Paris avec le premier train. Passée le centre-ville où quelques ouvriers commencent leur journée, elle débarque alors dans une zone industrielle désolée, où un bruit de moteur résonne continuellement en sourdine. Tout cela est filmé avec la rugosité du 16mm, ce qui tranche un peu avec l’atmosphère recueillie du crématorium.

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C’est alors ce genre de légers décalages qu’observe la cinéaste-actrice, le ton distant et protocolaire avec lequel l’employée funéraire s’adresse à elle, ou bien sa propre maladresse lorsqu’elle manipule l’urne – on ne le savait pas mais c’est semble-t-il déconseillé de transporter une urne dans un sac à dos.  La partie la plus entêtante du film a lieu lorsque Camille se languit dans la salle d’attente du crématorium. Sur un bout de papier, elle écrit les vers d’un poème de Simon Johannin, et on a la sensation de plonger dedans. Dans un flash-back d’impressions évasives, la thématique du deuil n’est pas plaquée artificiellement, au contraire. En quelques plans morcelés, on revient sur une rupture qu’elle a vécu, un puzzle qu’elle a fait, une recette qu’elle a préparée, une fête avec quelques amis dont elle a gardé précieusement quelques images.  On pense beaucoup à Guy Gilles dans cette manière de composer avec la richesse des sentiments, tout en errance et en digressions.

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