- Article
- 5 min
En couv’ ce mois-ci : « Dark Waters », le thriller écolo de Todd Haynes
- Quentin Grosset
- 2020-02-03
Edito : Ce n’est plus un secret pour personne : le cataclysme écologique est à nos portes. Comment s’attaquer au système qui l’a précipité ? C’est tout le travail de Todd Haynes avec Dark Waters (sortie en France le 26 février).
Avec toute la méticulosité et l’humanité qu’on lui connaît, il met en scène l’histoire vraie d’un avocat américain (brillamment campé par Mark Ruffalo) qui défend un fermier contre une entreprise de produits chimiques qui a empoisonné son bétail en rejetant dans les sols et dans les eaux des produits toxiques. Grattant le vernis du passé (cette fois récent, puisque le récit a lieu dans les années 2000, et non dans les fifties chères au réalisateur de Loin du paradis et de Carol) pour mettre au jour les méthodes de lutte, le cinéaste donne à voir l’importance de la pugnacité, de la prise de risque et de l’entraide pour s’attaquer à une hydre nébuleuse telle que cette multinationale prête à contaminer les êtres humains et la nature pour faire toujours plus de profits.
Comme il nous l’a expliqué en interview, « on ne peut pas mettre une révolution dans un film, on ne peut que décrire les conditions qui lui sont nécessaires ». Si l’on en croit le message qu’il nous fait passer dans Dark Waters, en insistant sur l’acharnement dont fait preuve son héros pour percer les secrets du groupe DuPont dans l’espoir d’endiguer des dommages qui semblent irréversibles, l’une des conditions majeures nécessaires à la révolution écologique serait d’imposer aux entreprises la transparence – que les États somment celles-ci de divulguer toutes les informations concernant la santé des consommateurs et l’environnement. À défaut de révolution, quand un film change à jamais notre regard sur les poêles en Téflon, on se dit que le cinéma a tout de même un immense pouvoir de révélation. • TIMÉ ZOPPÉ