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Décryptage : quand la Comédie-Française joue avec le cinéma

  • Renan Cros
  • 2021-09-22

Christophe Honoré filme la troupe de la Comédie-Française avec jubilation dans « Guermantes ». Une déclaration d’amour à l’esprit libre et moderne d’une institution qui se joue d’elle-même et se réinvente depuis plusieurs années sous l’influence du cinéma.

« Tu sais, Christophe, ce n’est pas du cinéma ici, c’est du théâtre », lance avec une ironie joueuse le comédien Serge Bagdassarian à Christophe Honoré dans le film. Guermantes est le témoin d’une mutation profonde de la Comédie-Française, institution séculaire (basée salle Richelieu, à Paris, depuis 1799) qui s’est ouverte récemment à un dialogue passionnant entre théâtre et cinéma.

Alors qu’elle voit, depuis une dizaine d’années, certains de ses pensionnaires, comme Pierre Niney, s’échapper sur grand écran, elle a aussi eu l’idée brillante de faire glisser à l’intérieur de son cadre de scène doré un imaginaire cinématographique. Sous la direction d’Éric Ruf depuis 2014, au milieu des metteurs en scène stars comme Thomas Ostermeier, sont invités des cinéastes reconnus comme Arnaud Desplechin (Père, Angels in America) ou Christophe Honoré avec cette adaptation du Côté de Guermantes (publié en deux tomes chez Gallimard en 1920 et 1921) contrariée par la pandémie.

Christophe Honoré : « Tout se serait effondré si j’avais choisi quelqu’un d’autre pour incarner le metteur en scène. »

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Le film commence ainsi par documenter la rencontre avec la troupe (Laurent Lafitte, Dominique Blanc, Loïc Corbery…), avec Proust, pour mieux se libérer ensuite, dans un doux mélange de théâtre dans le théâtre, de cinéma de faux-semblants.

Pour faire souffler un vent nouveau sur les planches de la salle Richelieu, ce sont aussi les metteurs en scène qui s’emparent du cinéma, comme dans cette impressionnante transposition, en 2016, des Damnés de Visconti dans laquelle Ivo Van Hove scrutait d’une caméra voyeuse les comédiens se transformant en personnages maudits. Ou Christiane Jatahy, qui se saisissait en 2017 de La Règle du jeu de Renoir et ouvrait la pièce d’un film de 
vingt-six minutes tourné dans les couloirs du théâtre.

Dans un autre genre d’exercice méta, la troupe reprend sur scène, dès octobre, la création musicale Mais quelle comédie ! de Serge Bagdassarian et Marina Hands, tissée des grandes comédies musicales et d’un regard amusé sur le quotidien… de la troupe elle-même. On y trouve, comme dans Guermantes, du théâtre joueur et généreux, qui invite tout le monde à la fête. Un film et un spectacle à l’image d’une troupe qui n’aime rien moins que tout mélanger.

: Guermantes de Christophe Honoré, Memento (2 h 19), sortie le 29 septembre au cinéma et diffusé le 24 septembre sur France 5.

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