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« Marin des montagnes » de Karim Aïnouz : retour à la terre
- Raphaëlle Pireyrre
- 2023-10-10
À soixante ans et suite à la mort de sa mère, le réalisateur brésilien de « La Vie invisible d’Euridice Gusmaõ » (Prix Un certain regard à Cannes en 2019) se rend pour la première fois en Algérie, sur la terre de son père qu’il n’a pas connu. Il en tire un poignant journal filmé à la première personne.
Lorsqu’il pose le pied en Algérie après un long voyage en mer, le cinéaste Karim Aïnouz se voit heureusement surpris que personne ne lui demande d’épeler son nom. Essai à la première personne, Marin des montagnes a été présenté à Cannes en 2021. Le cinéaste s'y dévoile par la voix intime de sa famille mais se dérobe au regard de la caméra à laquelle il ne montre jamais son visage.
C'est que le réalisateur brésilien cherche des points communs avec ses compatriotes inconnus dont il ne comprend pas la langue. Sur le littoral, le récit personnel questionne les raisons politiques qui ont façonné sa vie : son père a quitté les Etats-Unis où il avait rencontré sa mère pour retourner en Algérie, sa terre natale, qui se reconstruit depuis la proclamation de son indépendance en 1962.
À mesure qu’il gagne les chemins escarpés de la Kabylie et retrouve son berceau familial, son odyssée devient un chant lyrique adressé à sa mère dont il scande le prénom, Iracema, comme il invoquerait une amoureuse ou une déesse.
Karim Aïnouz devient plus élégiaque, et trouve, en cherchant l’origine de son existence, le récit du mystère de la naissance du monde raconté par une adolescente au hasard de ses rencontres. Il devient même mystique lorsque le hasard met sur son chemin son parfait homonyme dans lequel il projette l’existence imaginaire qui aurait pu être la sienne si le destin l’avait fait naître non pas au Brésil mais dans les ruelles de Tizi Ouzou.
: Marin des montagnes de Karim Aïnouz (Les Films des deux rives, 1h35), sortie le 25 octobre