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: « It must be heaven », comédie délicieusement burlesque d’Elia Suleiman
- Damien Leblanc
- 2019-12-05
Dix ans après Le Temps qu’il reste, Elia Suleiman emmène son cinéma burlesque jusqu’à Paris et à New York pour amplifier son regard poétique sur l’identité palestinienne. Mention spéciale du jury à Cannes.
Poursuivant la veine autofictionnelle du cinéma d’Elia Suleiman, It Must Be Heaven débute en Palestine, où son personnage de cinéaste taciturne passe des journées oisives au milieu de voisins intrusifs et de rues anxiogènes. Un terrain connu qui va créer des envies d’ailleurs et va pousser notre héros, en quête de producteurs, à s’envoler pour Paris. La capitale française, observée avec des yeux savamment burlesques, apparaît comme un concentré de chorégraphies fantaisistes, qui dessinent une ville marquée par l’individualisme et la surveillance policière.
Ces tensions sécuritaires et ces dérèglements absurdes redoubleront d’intensité à New York, où le protagoniste continue son périple (et croise Gael García Bernal). Le portrait d’une planète entièrement imprégnée d’étrangeté et de conflits larvés met ainsi en exergue la connexion entre les différentes régions d’un monde qui a tendance à s’uniformiser. Filant la métaphore de l’envol des anges, le cinéaste y interroge les conditions de sa liberté et la spécificité de son identité palestinienne, jusqu’à une conclusion déchirante de simplicité. Suleiman peut enfin contempler la jeunesse de son pays – et naît alors dans son regard une lueur qui ressemble à de l’espoir.
- DAMIEN LEBLANC
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It must be heaven d’Elia Suleiman, Le Pacte (1 h 37), sortie le 4 décembre
Image : It must be heaven d’Elia Suleiman – Copyright Le Pacte