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« Instinct » sur OCS : critique

  • Charles Bosson
  • 2021-07-27

Première réalisation sombre et dérangeante de la Néerlandaise Halina Reijn sur les troubles d’une psychothérapeute chargée d’évaluer un délinquant sexuel récidiviste, Instinct (2019) témoigne des répercussions de #MeToo dans la production européenne.

Nicoline (Carice van Houten) se voit confier l’évaluation d’un détenu coupable de crimes sexuels violents, en vue de sa réinsertion. Idris (Marwan Kenzari) a su gagner la confiance du personnel carcéral, mais la jeune femme, qui pressent en lui un double jeu, décide de mettre sa sincérité à l’épreuve.

De lents travellings s’attardent sur le visage de l’héroïne, qui se laisse progressivement contaminer par le doute et par une forme de fascination malsaine. Elle arpente les couloirs de la prison, écoute les avis des professionnels et observe les détenus faire du sport ou s’exprimer lors de séances collectives. La violence masculine qu’elle côtoie quotidiennement finit par déteindre sur sa vie et sa sexualité, entraînant une lente déconstruction de son identité…

Plus de dix ans après avoir été révélées au public international avec Black Book de Paul Verhoeven (2006) – dont l’influence sur Instinct est manifeste –, et deux ans après les premiers soubresauts de la révolution #MeToo, les actrices Carice van Houten et Halina Reijn ont fondé leur propre maison de production, Man Up Film, se donnant comme but « d’explorer des histoires troubles qui, par peur ou par honte, n’ont pas été racontées ».

Instinct en est la parfaite mise en œuvre, puisque le film s’attache à déjouer les codes du thriller érotique pour faire naître une réflexion brûlante : comment s’abandonner au désir lorsqu’il est cadenassé par la peur ? La réalisatrice filme avec une justesse troublante l’émergence du regard de son héroïne dans un milieu extrêmement inflammable, sans jamais céder au manichéisme ou aux lourdeurs du film à thèse. On attend avec impatience Red Light, la première série produite par les deux femmes, sur la prostitution aux Pays-Bas.

Pour voir le film, cliquez ici.

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