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« After Blue (Paradis sale) » de Bertrand Mandico : nouveau(x) monde(s)

  • Damien Leblanc
  • 2022-02-14

Bertrand Mandico continue d’étendre son singulier territoire charnel avec ce deuxième long métrage qui explore une planète démoniaque sur laquelle une mère et sa fille cherchent la rédemption. Mâtinant ses images fantastiques d’échos politiques, le cinéaste surprend encore.

Après la déflagration sensorielle provoquée en 2018 par Les Garçons sauvages, son premier long métrage réalisé après vingt ans d’expérimentations dans le monde du court, Bertrand Mandico revient avec ce qu’il présente comme le deuxième volet d’une trilogie picaresque. Si Les Garçons sauvages explorait le paradis en dépeignant une île à la sensualité queer, After Blue (Paradis sale) se consacre ainsi au purgatoire en arpentant une inquiétante planète inventée de toutes pièces par le cinéaste.

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Situé dans un futur lointain, après que la Terre a été désertée, le récit raconte comment l’adolescente Roxy (Paula Luna) délivre une criminelle ensevelie dans le sable. À cause de ce lourd péché, Roxy et sa mère, Zora (Elina Löwensohn), se voient bannies de leur communauté et forcées à traquer la meurtrière dans les étendues hostiles de leur planète sale nommée After Blue.

Comme à son habitude, le cinéaste croise les genres et les influences pour accoucher d’une imagerie à nulle autre pareille. Faisant ici muter le western vers le fantastique, Mandico convoque autant des souvenirs du Dune de David Lynch que des œuvres de Sergio Leone ou de Jean Cocteau et fait souffler un vent poussiéreux sur des territoires désertiques dans lesquels s’invite notamment une cow-girl à fourrure (jouée par la magnétique Vimala Pons) qui éclabousse la nature de son pouvoir détonant.

S’ancrant dans une atmosphère d’urgence climatique, comme des classiques de science-fiction tels que Soleil vert ou La Planète des singes, le film crée des sensations d’après-cataclysme et opère, grâce à la directrice de la photo Pascale Granel, un fascinant dérèglement des couleurs. Mandico réussit par là à insuffler du trouble et de la nostalgie à ses images de ruines et sait trouver, au-delà de ses visions monstrueuses (comme celle d’un homme au sexe tentaculaire ou d’une vulve dotée d’un troisième œil), une émotion universelle. Quand l’Adagio d’Albinoni résonne au cœur de cette planète gluante, l’art délicieux de la métamorphose triomphe définitivement et donne envie de suivre le cinéaste jusqu’à l’autre bout de l’univers, aussi crasseux soit-il.

After Blue (Paradis sale) de Bertrand Mandico, UFO (2 h 07), sortie le 16 février

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