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« La Passion de Dodin Bouffant » de Trần Anh Hùng : pot-au-feu tout flamme

  • Perrins Quennesson
  • 2023-05-30

[CRITIQUE] Avec cette histoire balzacienne, le cinéaste Trân Anh Hùng filme les bouleversants Benoît Magimel et Juliette Binoche dans un récit d’amour, de pudeur et de food porn tendre qui a raflé le Prix de la mise en scène en mai dernier, à Cannes, et qui représentera la France aux Oscar.

Le film s’ouvre sur une longue séquence de vingt minutes, presque muette, durant laquelle Juliette Binoche, Benoît Magimel, Galatea Bellugi et la toute jeune Bonnie Chagneau-Ravoire préparent un déjeuner aux mets multiples, tous aussi raffinés les uns que les autres. On assiste, captivés, à ce ballet de casseroles, de réductions, de cuissons, de découpes, d’assaisonnements et de flambages. Un supplice pour toute personne qui n’aurait pas mangé avant la séance. Pour les fans de Top Chef, c’est un mercredi soir comme un autre, mais en mieux filmé. Trân Anh Hùng (L’Odeur de la papaye verte, 1993) s’attarde sur le visage concentré de Juliette Binoche pour mieux contempler celui, satisfait, de Benoît Magimel.

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Le film adapte librement le roman de l’écrivain franco-suisse Marcel Rouff, paru en 1920, qui relate les aventures de Dodin Bouffant, magistrat retraité et fin gourmet, qui, dans sa maison du centre de la France, voue son quotidien à la bonne chère, travaillée sans relâche avec passion et patience. Dans sa quête d’un idéal culinaire, il est accompagné depuis plus de vingt ans de sa cuisinière, Eugénie, devenue sa pas si secrète amante, et qui, comme lui, a le bon goût et l’intuition nécessaires pour réaliser concrètement ce qu’il a en tête. Sur un petit air balzacien en raison de son sens du détail et de l’éloge de la vie provinciale, La Passion de Dodin Bouffant ne quitte presque jamais cette cuisine où le geste dit plus que les mots. Un « art de vivre à la française » qui se fait le langage de l’amour que partage ce couple « à l’automne de [sa] vie ». Chaque préparation de plat sonne comme une déclaration, chaque minutieux ficelage de volaille devient une séance de préliminaires sensuels, chaque bouchée l’occasion d’un orgasme des sens. Filmé comme si les peintres Édouard Manet et Auguste Renoir avaient joint leurs forces à celles de François Desportes, le film s’écoule à un rythme lent mais sûr duquel chaque enjeu, qu’il s’agisse de remettre un prince prétentieux à sa place à coup de pot-au-feu parfait ou de réussir à demander la main de celle qui la refuse, intrigue, attise et étreint le cœur.

La Passion de Dodin Bouffant de Trân Anh Hùng, Gaumont (2 h 14), sortie le 8 novembre

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