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CANNES 2023 · « L’autre Laurens » de Claude Schmitz: en roue libre
- Joséphine Leroy
- 2023-05-22
Avec cette enquête tortueuse (présentée à la Quinzaine des cinéastes), le Belge Claude Schmitz s’amuse à jouer avec les codes du film policier – le résultat est génialement désorientant.
Un désert, un cactus, des néons et un grand hôtel. C’est dans un cadre à la fois magnétique et complètement cliché que s’ouvre L’Autre Laurens, signé Claude Schmitz. Un réalisateur belge qu’on commence à bien connaître maintenant – on avait notamment adoré son court Rien sauf l’été, puis son moyen métrage, Braquer Poitiers, qui brouillaient les pistes entre documentaire et fiction.
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Lire l'entretienIl imagine ici l’histoire d’une jeune femme, sorte de princesse moderne et badass – comme une fusion entre les héroïnes de contes Disney et de Buffy – qui, à la mort de son père, contacte son oncle, frère jumeau de ce dernier (les deux personnages étant incarnés avec brio par Olivier Rabourdin), et détective privé spécialisé dans les adultères.
En conflit, les deux frangins ont pris des trajectoires radicalement différentes : l’un – François, le défunt – est un personnage exubérant qui a fait fortune et s’est installé dans le sud de la France ; l’autre – Gabriel, le vivant – s’est terré comme un misérable en Belgique. C’est le début d’une enquête chaotique, où vont se mêler une bande de Hell’s Angels à l’accent méridional, des flics à l’ouest et corrompus à la recherche d’un gitan, une femme fatale qui s’immisce à pas de chats dans l’affaire…
Images (c) Wrong Men/Cheval deux trois
Dans une atmosphère presque lunaire, contrebalancée par une mise en scène ultra précise et stylisée, L’Autre Laurens fonce avec audace vers des archétypes du film policier pour mieux les faire éclater en vol. Qui a tué qui ? Quand ? Comment ? Au fond, ce n’est pas tellement ça l’important. Ce qu’on aime dans le film, c’est sa manière de nous choper au tournant pour nous emmener dans des coins insoupçonnés, de réinvestir des lieux communs pour les détourner – l’héritage légué par le personnage de François comme l’héritage légué par le genre policier, il faut ici le dilapider avec plaisir et une forme d’effronterie.
On aurait envie de parler d’ovni, mais ce serait un peu trop cliché.
Image (c) Wrong Men/Cheval deux trois