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La SRF dénonce la campagne de dénigrement massive visant “Avant que les flammes ne s’éteignent”
- Enora Abry
- 2023-11-23
Le premier long métrage de Medhi Fikri, centré sur les violences policières, sorti la semaine dernière, enflamme la toile. Depuis vendredi, les internautes se déchaînent sur X et la note AlloCiné du film a drastiquement chuté. Dans un communiqué publié le 22 novembre, la société des réalisateurs et réalisatrices de films y voit une tentative de censure par des mouvements d’extrême droite.
Depuis sa sortie en salle la semaine dernière, le premier long métrage de Medhi Fikri Avant que les flammes ne s'éteignent est la cible de critiques extrêmement négatives, voire haineuses, publiées sur les réseaux sociaux et le site AlloCiné. Dans un communiqué titré “L’extrême droite attaque la culture”, la société des réalisateurs et réalisatrices de films (SRF) a dénoncé mercredi 22 novembre cette “violente campagne de dénigrement” qui n’est rien d’autre qu’une “censure qui ne dit pas son nom”, orchestrée par des groupes d’extrême droite.
Un film "trop extrême" selon certains internautes
Avant que les flammes ne s'éteignent raconte l’histoire de Malika (Camélia Jordana), une jeune femme habitant en cité qui se lance dans des poursuites judiciaires suite à la mort de son petit frère lors d’une interpellation par la police. De son combat naît une escalade de la violence entre les forces de l’ordre et les habitants de son quartier.
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Lire la critiqueSi ce récit rappelle évidemment la mort d’Adama Traoré et le combat de sa sœur Assa ou encore les émeutes suite à la mort de Nahel en juin dernier, le réalisateur a décidé de livrer un récit fictif. "J’ai fait le choix de mettre en scène une famille fictive pour aller au fond des choses et parler des aspects sombres de mes personnages, sans crainte de heurter personne", explique-t-il dans le dossier de presse.
Chose curieuse : cette fiction a heurté beaucoup de spectateurs, avant même sa sortie en salle. Vendredi dernier, le site AlloCiné alertait à ce sujet suite au constat d’un “très important afflux de notes et de critiques publiées par des comptes nouvellement créés pour l'occasion, et également par une répartition inhabituelle des notes. Un chiffre pour illustrer cette répartition inhabituelle des notes : à l'heure où [ils écrivent] ces lignes, + de 70% correspondent à une note dite extrême, c'est-à-dire soit un 0,5 soit un 5.”
Cette affluence de nouvelles critiques écrites par ces mystérieux comptes a brutalement fait chuter la note des spectateurs du film à 1,4/5 tandis que sa note presse reste stable : 3/5. Dans les commentaires AlloCiné, les débats font rage. À une œuvre "merveilleusement interprétée” et “nécessaire” s’oppose un film “trop dans l'extrême, avec un message des plus discutable” et “rempli d'idéologie”.
Le point principal de discorde ne réside donc pas dans la qualité d’interprétation ou dans la justesse de la mise en scène, mais bien dans celle du scénario qui accorderait le mauvais rôle aux forces de l’ordre et serait trop complaisant envers la victime et sa famille.
Avant que les flammes ne s'éteignent n'est pas un cas isolé
Toujours selon la SRF, cette attaque envers un objet culturel pour des raisons idéologiques ne seraient pas un cas à part, plutôt un évènement révélateur d'une tendance qui s'intensifie. L’association affirme que d’autres films ont fait l’objet de cette censure d’opinion ces dernières années, comme Rodéo de Lola Quivoron qui raconte l’histoire d’une jeune femme qui s’intègre à une bande de motards.
En effet, avant sa sortie en septembre 2022, la note spectateur du film avait brutalement chuté à 1,8/5 sur AlloCiné, ce qui avait contraint le site à poster un avertissement avant même le synopsis : “Nous invitons les spectateurs à noter et/ou commenter le film pour ce qu'il est et pour son contenu réel et objectif, et pas sur des a priori ni dans une volonté de dégrader sa note, ni pour alimenter une polémique hors cinéma.”
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Lire la critiqueLa SRF, qui a été fondée en 1968 dans le but de défendre la création cinématographique et compte plus de 400 adhérents, alerte sur cette mouvance globale qui touche l’ensemble des terrains de la culture et dont “le cinéma, art populaire par excellence, est une cible privilégiée”.