Assises pour la parité, l’égalité, et la diversité dans le cinéma : ce qu'il faut retenir de la 5e édition

Depuis sa création début 2018 par des professionnelles du cinéma, le collectif 50/50, conçu comme un observatoire de l’égalité dans l’industrie cinématographique, s’est lancé un objectif : atteindre la parité totale d’ici 2020. Non seulement dans les conseils d’administration des institutions culturelles, mais aussi dans les groupes privés, les syndicats, les écoles de cinéma, les festivals et les jurys, afin que « la pluralité réelle de notre pays soit davantage représentée ». 

Avec le but également d’introduire de la diversité pour changer en profondeur les représentations, et « la certitude qu’ouvrir le champ du pouvoir favorisera en profondeur le renouvellement de la création », grâce notamment à des statistiques genrées, appliquées aux films et aux entreprises.

RENFORCER LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXISTES ET SEXUELLES

Lors de cette 5e édition des Assises, l'accent a été mis sur une politique de renforcement de la prévention et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au sein des tournages de films de cinéma. A l'issue d'une table ronde animée par Pauline Reiffers, secrétaire générale du FIFIB, et Caroline Rogard, directrice de la communication d’Audiens, plusieurs engagements ont été pris. Désormais, les équipes de tournage dont les films sont soutenus par le CNC devront suivre une formation obligatoire, qui existe depuis 2021 mais va être renforcé, afin de mieux apprendre à détecter les violences sexistes et sexuelles, et d'activer les outils pour réagir.

Ces cessions seront animées par l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). Les professionnels pourront également avoir recours au kit de prévention des VSS et au livre blanc, deux outils mis à disposition par le collectif.

Autre annonce importante : une certification française du poste de coordonnateur.rice d’intimité, chargé.e de veiller au bon déroulement des scènes de nudité et de sexe, sera prochainement lancée. Une initiative qui permettra de professionnaliser et de mieux faire connaître les missions de ce métier essentiel, qui veille au consentement des acteurs. Grand tabou, la consommation d'alcool et de drogues, qui occupe une place essentielle dans l'industrie du cinéma, a également été questionné lors d'une table-ronde. Il s'agit de prendre la mesure de la responsabilité collective vis-à-vis de ces dérives, facteurs aggravant de certaines situations de violence.

ÉTAT DES LIEUX DE LA PARITÉ ET DE LA DIVERSITÉ

Après la présentation, par Le Lab Femmes de cinéma, d'une étude qui regroupe l’ensemble des politiques et mesures mises en place par les instituts cinématographiques européens pour promouvoir la parité, l'association Pour les Femmes dans les Médias a introduit son nouvel outil : le baromètre PFDM. Son objectif ? Mesurer la perception en matière de discrimination et d’inclusion dans le secteur des médias et de la culture, grâce à un questionnaire soumis à 6270 salariés. L'étude a permis de mettre en lumière la persistance de stigmatisations tenaces, d'un plafond de verre pour les femmes et personnes racisées.

Ainsi, 8 femmes sur 10 ont été victimes de sexisme sur le lieu de travail dont 50% régulièrement - et 41% des femmes sont victimes de discrimination sur le lieu de travail. Le chiffre monte à 54% pour les femmes issues de la diversité. Face à ces chiffres alarmants, le PFDM propose de former les recruteurs sur les stéréotypes et biais inconscients, de créer des programmes de mentorat, mais aussi de nouer des partenariats avec des cabinets de recrutements inclusifs.

De son côté, le collectif 50/50 a livré les résultats d'une enquête concernant le ressenti discriminatoire dans le monde professionnel du cinéma. 25% des personnes ayant répondu à l’enquête déclarent souvent ou même tout le temps devoir cacher qui iels sont par crainte de discrimination. Ce chiffre passe à 33% chez les personnes non-binaires et 28% chez les femmes cisgenres, contre 7% chez les hommes cisgenres.