- News
- Article
- 2 min
Archive : 69 année érotique, et une première taffe de « cigarette artistique »
- Rosalie Varda
- 2022-07-15
Chaque mois, pour TROISCOULEURS, Rosalie Varda plonge dans les archives de ses parents, les cinéastes Agnès Varda et Jacques Demy, et nous raconte ses souvenirs à hauteur d’enfant. Ce mois-ci : sur le tournage de Lions Love (… and Lies) d’Agnès Varda, en 1969.
À Los Angeles, en 1969, Agnès tourne Lions Love (… and Lies), une fiction complètement psychédélique et baroque. Viva, la star underground et égérie d’Andy Warhol, et Jim Rado et Gerry Ragni, les deux auteurs de Hair, la comédie musicale « hippie chic contre la guerre au Viêt Nam », composent un trio amoureux, Eddie Constantine fait une apparition et Shirley Clarke joue son propre rôle de cinéaste et le double d’Agnès. Pour mes parents, c’est l’époque contre-culture américaine et la découverte de la cité des Anges prise dans la magie, la démesure et la folie de la fin des années 1960. Revenons au tournage. J’y passais souvent, accompagnée de ma nounou Monique.
Agnès Varda, corps sensibles
Lire l'articleGénéralement Jim se dénudait pour me dire bonjour ! C’était une façon assez surprenante et exhibitionniste de me saluer, mais cela ne me faisait ni chaud ni froid car leur nudité était là tout le temps, devant tous, donc banalisée. L’ambiance joyeuse et farfelue de ce tournage a donné une pépite de cinéma qui se regarde aujourd’hui presque comme un documentaire. Ce qui est amusant, avec le recul, c’est qu’Agnès et Jacques ont découvert Los Angeles et la musique pop en fréquentant des stars comme Jim Morrison et des groupes de cette époque tels que Spirit, The Byrds, Buffalo Springfield, The Grateful Dead, Jefferson Airplane tout en travaillant chacun sur des films très différents.
PORTFOLIO — « Peau d’âne » de Jacques Demy : souvenirs psychés du tournage
Lire l'articleNotre maison d’Alpine Drive était ouverte à tous, et l’on pouvait y croiser des Européens en voyage – Simone Signoret, Jean-Luc Godard, Roman Polanski, Catherine Deneuve, Michelangelo Antonioni, Yves Montand – comme des Américains admirateurs du couple de la Nouvelle Vague que formaient Agnès et Jacques. Après avoir « joué » Françoise dans Les Parapluies de Cherbourg et fait une apparition furtive dans Oncle Yanco, me voici, à 10 ans, avec une action à faire : fumer ma première « cigarette artistique » !
Je précise quand même que la dose de substance magique était légère ! J’avais fait mes colliers avec des petites perles de verre et des graines, et ma tenue orange avait été achetée dans une jolie boutique de Beverly Hills – c’est chic ! Et je portais un badge « Think » qui est aujourd’hui dans nos archives. La bande de gamins était évidemment constituée des enfants des amis – je pense que les parents étaient très heureux de nous voir nous amuser, sans penser une seconde à la réalité de la scène. Souvenirs heureux d’une enfance particulière sous le signe des gémeaux et du cinéma. Bel été à tous et on se retrouve en septembre !
L'archive de Rosalie Varda : Une femme, trois hommes et une clope !
Lire l'articleImage : Lions Love (… and lies) d’Agnès Varda © 1969 Max Raab – Ciné-Tamaris