À voir sur mk2 Curiosity : «Nothingwood», complètement Kaboul !

Dans ce documentaire présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en 2017, la journaliste Sonia Kronlund, animatrice de l’émission de France Culture Les pieds sur Terre et passionnée par l’Afghanistan, nous emmène près de Kaboul à la rencontre du réalisateur-acteur-producteur Salim Shaheen.

On découvre le quotidien de cette véritable mascotte des classes populaires afghanes, qui peut se targuer d’avoir réalisé plus d’une centaine de films dans un pays en guerre depuis plusieurs décennies. Fabriqués à partir de rien, ces films de série Z sont largement inspirés par le cinéma bollywoodien qui a bercé la jeunesse du cinéaste.

Fidèlement entouré par son équipe et ses comédiens (ses amis et ses fils), Shaheen évolue avec une aisance folle et une énergie débordante entre différentes zones marquées par la guerre. Parfois dépassée par l’exubérance du personnage, Sonia Kronlund suit le cinéaste à la trace sur les différents tournages qu’il mène en simultané.

Salim Shaheen, aussi sympathique que mégalo, s’inspire de sa propre vie pour la plupart de ses films. Et il n’hésite pas à en romancer certains passages. On assiste à la reconstitution du désarroi de sa mère lorsqu’elle découvre qu’il veut être artiste, à ses débuts derrière la caméra, ou à ses combats armés face aux talibans.

Mais l’absence de femmes dans les rues, et les regards portés sur Qurban Ali, acteur efféminé fétiche de Shaheen, ne trompent pas. Les images des attentats perpétrés par les Talibans non plus. Très loin de l’effervescence joyeuse qui entoure Salim, on distingue le visage d’un pays profondément conservateur, meurtri par la guerre, et constamment sous la menace d’une attaque talibane.

On apprend aussi l’existence d’un trafic de DVDs des films de Salim Shaheen chez les Talibans. Ces oeuvres libres, où l’on danse, on voit des femmes et on rit, sont aux antipodes des valeurs ultra-conservatrices du groupe armé. Depuis 2021, date à laquelle les Talibans ont repris le pouvoir, de nouvelles lois religieuses ont été promulguées en Afghanistan. Notamment l’interdiction pour les femmes d’apparaître dans des fictions. Dès lors, le cinéaste ne tourne plus et fait tout pour quitter son pays natal.

Au programme également : Profitez gratuitement du Vampyr (1932) de Dreyer, un classique du cinéma. Un must-see pour les fans de films fantastiques et une porte d’entrée magnifique pour découvrir l'oeuvre d’un des plus grands cinéastes.

Et voyagez gratuitement un siècle en arrière avec Le Film du poilu (1928), l’ultime réalisation d’Henri Desfontaines. Un mélange de fiction et d’images d’archives de la Première Guerre mondiale pour un film anti-guerre d’utilité publique.

Enfin, découvrez les films de la curation de Sonia Kronlund. Sa passion pour le maître du cinéma iranien Abbas Kiarostami avec Au travers des oliviers (1994), pour le Québécois

Xavier Dolan et son Juste la fin du monde (2016) ou pour Titicut Follies (1967), le tout premier film du documentariste de génie Frederick Wiseman.