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« Elle et lui » de Leo McCarey

  • Quentin Grosset
  • 2021-12-13

Un play-boy et une chanteuse se rencontrent sur un paquebot et se promettent de se retrouver six mois plus tard au sommet de l’Empire State Building… Leo McCarey a réalisé deux versions de son mélo « Elle et lui », la plus connue restant le remake flamboyant de 1957.

Leo McCarey avait cette drôle de formule : « Je préfère la première version pour sa beauté, et la seconde parce que, financièrement, elle a été un beaucoup plus grand succès. » Alain Resnais allait dans son sens, déclarant : « J’admire beaucoup Love Affair qui est un des grands chocs de ma vie. Je ne suis pas de ceux qui disent que la deuxième version, An Affair to Remember, est la meilleure. » C’est bien le remake, avec Deborah Kerr et Cary Grant, qui l’emporte pour nous, peut-être parce que c’est le premier qu’on ait vu. Dans son très fin ouvrage Elle et lui / 1939-1957 (Yellow Now), Fabienne Costa proposait, elle, de voir les deux films comme un seul, réconciliant tout le monde autour d’effets d’échos disséminés par le cinéaste hollywoodien.

Peut-être que l’on peut justement essayer de prendre au mot le titre original de la seconde version (An Affair to Remember) et de voir le remake comme un simple souvenir du premier film (A Love Affair) avec Charles Boyer et Irene Dunne – donc forcément plus idéalisé, plus fantasmé. Vu comme ça, l’acteur franco-américain et Dunne paraissent effectivement plus présents, plus vrais que les piquants Grant et Kerr, qui sont, eux, aussi légers et charmants que le pink champagne qu’ils sirotent. Dans le film de 1939, le noir et blanc engage les protagonistes papillonnants sur un paquebot dans quelque chose de plus abordable et sensible, moins tourné sur la vanne élégante que l’appréhension mutuelle.

L’escale chez la grand-mère du play-boy, qui scellera symboliquement leur union à travers un jeu de regard tout en suspension, semble un moment encore plus lyrique et fragile. Alors que, à l’arrivée du bateau, ils se donnent rendez-vous six mois après au dernier étage de l’Empire State Building, le temps de tout quitter pour se réinventer ensemble, le coup du sort qui les frappe paraît plus déchirant. Au fond, dans cette alternance de mélo et de comédie sophistiquée, le Elle et lui original a peut-être cette inclinaison très légèrement moins éthérée, la fêlure y paraît plus prononcée. Est-on en train de changer d’avis sur notre Elle et lui préféré ? Peut-être bien.

du 16 au 30 décembre sur mk2curiosity.com, gratuit

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