À voir sur mk2 curiosity : « A Chjàna » de Jonas Carpignano

Caméra à l’épaule, Jonas Carpignano installe un processus immersif dès les premières secondes de son court-métrage. Nous voilà propulsés en 2010 à Rosario, en Calabre, où les émeutes anti-racistes battent leur plein. Le jeune cinéaste filme le mouvement du peuple qui s’insurge, au plus près de ses protagonistes, des acteurs non professionnels.

La course poursuite est imminente, les ruelles du village sinueuses. Bien plus qu’un simple témoin, la caméra subjective semble elle-même prise dans le corps à corps avec les forces de l’ordre, tout comme les résistants qui l’entourent.

Elle suit Ayiva et Chico, ses deux personnages principaux, comme des repères dans la folie ambiante, qu’il ne faut surtout pas perdre du regard, au risque de les voir disparaître à jamais. L’image tremble, comme ses protagonistes.

Elle les suit dans leur fuite, puis dans leur recherche d’un coin de vie meilleur. Dans une Italie rongée par la xénophobie, où le délit de faciès est plus que commun, le cœur se serre à chaque moment où un policier apparaît à l’écran. Ayiva perd son ami le soir des émeutes, et lorsqu’il tente de l’appeler, la tonalité creuse du répondeur glace le sang. Carpignano cristallise la peur dans l’attente au bout du fil.

Sur le quai de la gare, la caméra plane autour d’Ayiva et nous donne une impression de vertige, jusqu’à la résolution finale, et ce proverbe est répété comme un mantra pour provoquer le courage : « Il faut croire aux lendemains, demain on verra ».

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Image: © mk2 Curiosity