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« 17 Blocks » de Davy Rothbart : un journal intime percutant
- Perrins Quennesson
- 2021-06-07
Poignant, ce documentaire sur l’intimité esquintée d’une famille afro-américaine suivie pendant vingt ans résonne d’autant plus fort en plein mouvement #BlackLivesMatter.
Sur le carton qui ouvre 17 Blocks, le réalisateur et journaliste Davy Rothbart raconte sa proximité avec son sujet. Ami des Sanford, qu’il a commencé à filmer un peu par hasard en 1999, il a très vite laissé, de temps à autre, les membres de la fratrie prendre le relais de ce journal intime vidéo, et ce pendant vingt ans.
Au final, mille heures de rushs et les archives inédites d’une longue tranche de vie. Alors que les années défilent, que la qualité d’image évolue au gré des nouvelles caméras, on suit le parcours chaotique de Cheryl, de ses trois enfants, Smurf, Denise et Emmanuel, puis de ses petits-enfants. Vivant à dix-sept rues du Capitole à Washington, D.C., dans un quartier éreinté par la pauvreté, la drogue et les armes, ils sont les témoins privilégiés et les premières victimes d’un système et d’un milieu où la violence et le déterminisme agissent comme seules règles immuables.
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Lire notre critiqueIl ne le savait sûrement pas quand il a appuyé pour la première fois sur le bouton « Rec », mais Davy Rothbart a mis en boîte, comme une preuve irréfutable, un discours que beaucoup refusent d’entendre, celui d’une injustice presque organisée à l’encontre de toute une partie de la population laissée en périphérie du rêve américain, notamment en raison de sa couleur de peau.
Ce à quoi l’on assiste dans ce film percutant et émouvant, c’est à la survie malgré tout d’une famille aimante, imparfaite et résiliente. Résistante, avec l’humanité et le pardon comme forces, à la tragédie qu’on lui inflige.
: « 17 Blocks » de Davy Rothbart (Sophie Dulac Distribution, 1h35), sortie le 9 juin