
Est-ce la fin d’un monde ou l’avènement d’un nouveau ? Dans la salle du théâtre du Châtelet, le décor tremble, les lumières clignotent, le public s’installe et déjà, les danseur.se.s du Ballet national de Marseille s’agitent dans de furieux soubresauts. Au milieu, Rone, le musicien prodige, déambule, fume une clope puis rejoint ses platines et enveloppe la scène de sa création originale onirique toute en basses qui font résonner les os et trembler les corps du public. La musique monte et les lumières s’éteignent, ça démarre ou plutôt ça s’énerve au quart de tour.
Le clip de la semaine : le planant « Ghosts » de Rone
Comme pris dans une longue nuit de club, les danseur.se.s courent, s’aiment, se déshabillent, se frappent, se touchent, hurlent, font des fucks, ralentissent jusqu’à décomposer leurs mouvements, puis accélèrent tous ensemble, font corps et choeur. Pour sa carte blanche au théâtre du Châtelet, Rone invite le collectif (LA) HORDE, directeur du Ballet national de Marseille, pour créer ensemble une magnifique descente aux enfers dans les ruines d’une ville apocalyptique, invoquant tour à tour les thèmes brûlants de notre fin du monde à nous : les violences patriarcales, la guerre ou le désastre écologique.
Lancés à 120 kilomètres heures sur l’autoroute sans fin de l’urgence, on s’essouffle dès la première seconde mais on tient le coup, il le faut. Tout est chaos mais tout est joyeux aussi car si ce monde s’écroule, derrière renaît celui des danseur.se.s de Marseille, plus queer, plus libre, plus jouissif : leur nuit éclaire le monde.