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À voir sur mk2 Curiosity : « Ten », l’ode à la liberté d’Abbas Kiarostami

  • Hugues Porquier
  • 2024-03-14

Profitez gratuitement pendant 7 jours d’une virée en plein cœur de la société iranienne du début des années 2000 dans « Ten ». Ce grand film du maître Kiarostami est un pied de nez à la censure, une véritable ode à la liberté portée par une conductrice de taxi formidable. 

mk2 curiosity

La plateforme VOD cinéphile de mk2

Avec Ten (2002), Abbas Kiarostami propose un film qui flirte avec le documentaire. Un camescope DV statique est posé dans la voiture d’une femme. Elle fait le taxi pour son fils Amin - qui lui en veut d’avoir divorcé de son père. Elle conduit aussi sa soeur, une amie proche, et des inconnues : une prostituée, une femme qui sort d’un mausolée et une vieille dame désoeuvrée. 

Dans cette mise en scène minimaliste, les personnages sont fixés dans le cadre le temps de leur trajet en voiture. Cette immobilité conduit naturellement à des discussions entre les différents passagers et la conductrice. Cette dernière devient une oreille pour les autres femmes de son pays, quels que soient leurs profils. 

Abbas Kiarostami et le Kanoon

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À travers ces différentes interactions, le cinéaste propose une vue d’ensemble de la société iranienne du début des années 2000. Entre misogynie profonde et omniprésence de la religion, le statut de la femme en Iran est en permanence soumis à celui du père, du fils ou du mari.  

La discussion de la femme avec son fils en est l’indicateur. Ce dernier, âgé seulement d’une dizaine d’années, dit à sa mère que la future femme de son père sera mieux qu’elle, car “On n’aura pas le même dîner tous les soirs [...] Elle ne sera pas tout le temps dehors”. La mère est ainsi réduite au rôle de ménagère et de cuisinière, qui se doit d’être entièrement dévouée à sa famille. 

Comme s’il était le miroir de la relation des femmes iraniennes à une nouvelle génération d’hommes iraniens, ce lien mère-fils - présent dans 4 des 10 parties du film - est central. Au fur à mesure des parties et des ellipses temporelles, le fils se fait de plus en plus vindicatif, jusqu’à réduire sa mère au rôle de conductrice de taxi. Dans la partie finale, sans un bonjour et avec un regard plein de dédain, il lui dit simplement : “Amène-moi chez grand-mère”. 

Pour voir le film, cliquez ici.

Abbas Kiarostami, libre jeu

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Au programme également : 

Pour la sortie en salles de son premier film, Une famille, on a demandé à la romancière Christine Angot de prendre son incroyable plume pour nous parler de ses films préférés de notre catalogue. À cette occasion, (re)découvrez Peau d’âne (1970) de Jacques Demy, Les Quatre Cents Coups (1959) de François Truffaut ou encore L’Heure d’été (2008) d’Olivier Assayas, et les beaux textes qu’a écrit l’écrivaine à leur sujet.

Et découvrez gratuitement Greater Love Hath No Man, triangle amoureux ambiance western très en avance sur son temps, réalisé et entièrement produit par Alice Guy, la première réalisatrice de l’Histoire du cinéma.

Enfin, pour la sortie de Lettre Errante, le nouveau documentaire de Nurith Aviv - la première femme officiellement reconnue comme directrice de la photographie en France - on vous offre l’un de ses plus beaux documentaires, Annonces (2013), portraits de sept femmes d’horizons variés, qui tissent une toile entre leur histoire personnelle et le récit des Annonces faites à Hagar, Sarah et Marie, rapportées par la Bible et le Coran.

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