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« Memoir of a Snail » d’Adam Elliot : notre critique du Grand prix d’Annecy

  • Chloé Blanckaert
  • 2024-06-17

Quinze ans après avoir remporté le Cristal du long métrage au Festival d'Annecy pour son sublime « Mary & Max » (2009), qui racontait la relation amicale et épistolaire d’une Australienne de 8 ans et d’un New-yorkais de 44 ans, Adam Elliot reçoit à nouveau ce prestigieux prix pour « Memoir of a Snail ». Avec ce puissant récit d’apprentissage animé méticuleusement en stop-motion (c'est-à-dire image par image), le cinéaste australien suit le quotidien d’une collectionneuse compulsive et offre une leçon de vie émouvante, dans un univers visuellement somptueux.

De son enfance, Grace Puddle, jeune collectionneuse d'escargots solitaire, se souvient de tout. Ses premiers instants de vie aux côtés de son frère jumeau alors qu’elle n’était qu’un fœtus. Ses nombreuses (et traumatisantes) opérations pour corriger son bec de lièvre. Ses escapades au parc d’attraction avec son père, ancien magicien devenu alcoolique.

Mais surtout la séparation déchirante avec son frère alors qu’ils venaient tous les deux de se retrouver orphelins. Désormais livrée à elle-même dans une famille d’accueil déconnectée de la réalité, Grace Puddle - à l’image de ses animaux fétiches – se recroqueville sur elle-même, jusqu’à sa rencontre avec Pinky, une octogénaire excentrique bien déterminée à la prendre sous son aile…

Avec ce deuxième long métrage, Adam Elliot (récompensé de l’Oscar du meilleur court métrage en 2004 pour Harvie Krumpet) propose une nouvelle fois une immersion complète dans son univers tantôt onirique, tantôt cauchemardesque, mais toujours entièrement confectionné en pâte à modeler.

Au cœur de ces paysages aux détails impressionnants (évoquant parfois l’univers de Tim Burton), ses personnages principaux - des marginaux aux grands yeux tristes - cherchent à donner un sens à leur vie.

Assumant pleinement la noirceur initiale de son récit, qui puise dans ses thèmes de prédilection (la santé mentale, les dérives religieuses, l’exclusion sociale mais aussi l’amitié salvatrice), le réalisateur prend néanmoins soin d’y distiller des petites touches d’humour (souvent très noir) et ose cette fois même y ajouter des accents horrifiques.

Fort de ce mélange des genres, il opte pour la simplicité plutôt que pour le spectaculaire, et fait de Memoir of a Snail une grande œuvre douce-amère, philosophique et pleine d'espoir, dressant le portrait d’un personnage qui bascule de l’ombre à la lumière.

Le film n'a pas encore de date de sortie.

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