- Paradiscope
- Article
- 7 min
A voir en ligne : « F430 » de Yassine Qnia
- Raphaëlle Pireyre
- 2021-08-19
Le premier long métrage de Yassine Qnia, "De bas étage", est en salles depuis le 4 août. C’est l’occasion de découvrir son court métrage F430, tourné en 2015. Ladhi, petit voleur, traverse son quartier d’Aubervilliers au volant d’une Ferrari. De quoi attirer les regards. Les représailles aussi …
LE FILM
Plutôt que de transmettre l’argent d’un vol à son commanditaire, Ladhi a loué une Ferrari avec le butin qu’il a collecté. Dans son quartier populaire où rien ne se passe, l’irruption de ce signe extérieur de richesse injecte du cinématographique. D’un point de vue plastique : le gros bolide colore les rues mornes de son rouge vif et de son vrombissement. Dramatiquement aussi : les aventures ont plus de panache (plus de risques aussi) au volant d’un véhicule de luxe. La mise en scène maîtrise la gestion du rythme aussi bien que la voiture qui passe d’accélérations furieuses à un freinage rapide.
« De bas étage » : illusions perdues
Lire la critiqueLa banlieue de Ladhi n’est pas propice aux happy-ends et il n’est pas de ceux qui décident de la destination. Le temps du transport d’argent sale et des pauses cigarettes rêveuses les yeux tournés vers les toits de Paris revient vite, après une échappée qui aura duré à peu près le temps du tour du pâté de maison, le tempo redevient celui d’un véhicule plus modeste la place de Ladhi celle du passager.
Le film est visible ici
LE REALISATEUR
Comme pour Molii et Fais croquer, Yassine Qnia a filmé F430 dans son quartier Gaston Carré à Aubervilliers, plaçant devant la caméra amis et connaissances de longue date plutôt que des acteurs connus dont il craint que le souvenir de leurs rôles passés ne fasse écran à son récit. Dans ce premier film écrit et réalisé seul, on retrouve ce qui marquait déjà le ton de ses collaborations passées avec Carine May et Hakim Zouhani, soit la rupture entre situations comiques voire burlesques et conclusion plus sombre.
Son premier long métrage, le polar romantique De bas étage sorti ces jours ci sur les écrans après sa sélection à la Quinzaine des réalisateurs en juillet dernier, reprend les mêmes thèmes et les mêmes décors naturels que ses courts. Plus âgés que ceux des courts métrages, les personnages de De bas étage ont moins d’illusion que leurs petits frères des courts métrages et ont perdu le sens du rêve et du clinquant.