I.A. QUOI ?  ·  L’I.A. contre l’inflation

L’édito de Julien Dupuy. Si Hollywood traverse actuellement l’une des pires crises de son histoire, c’est en large partie à cause de l’inflation ahurissante des budgets des blockbusters.


superman james gunn
Photo Jessica Miglio/Warner Bros./DC Entertainment

Rien que l’été dernier, F1 avec Brad Pitt aurait coûté autour de 300 millions de dollars. Une peccadille en comparaison du dernier opus en date de la saga Mission : Impossible dont la facture est estimée à 400 millions de $ ! À ces sommes astronomiques, doivent être ajoutés les frais de promotion estimés, par exemple, à 200 millions de $ pour le Superman de James Gunn. Le coût de ces blockbusters, qui restent bien souvent l’un des principaux moteurs de l’exploitation cinématographique mondiale, ne sont pas soutenables en l’état. Mais surtout, ces sommes exorbitantes réduisent à la fois l’offre (les grands studios produisent nettement moins de films que par le passé), comme l’audace des décideurs qui rechignent à prendre le moindre risque.

C’est aussi dans ce contexte qu’il faut appréhender l’investissement dans l’I.A. de quantités de cadors du blockbuster, parmi lesquels les frères Russo (les derniers Avengers) ou James Cameron. Ce dernier espère, notamment, que les tarifs exorbitants des effets spéciaux de ses films, comme de ceux de ses confrères, pourront baisser grâce à ces technologies : « Les artistes des effets spéciaux ont peur de se retrouver au chômage à cause de l’I.A. (…) Mais c’est surtout si cette tendance [inflationniste – NDR] persiste qu’ils perdront leur travail. »

Plus étonnant : même les indépendants américains ne sont pas épargnés par cette réflexion. Kevin O’Leary, l’un des principaux interprètes du film Marty Supreme produit par A24, a notamment regretté que plusieurs millions de dollars du budget du film aient été absorbés par la rémunération de figurants. Selon lui, il aurait été facile de les remplacer par des figurants en I.A. « Et ainsi, poursuit-il, au lieu de faire un seul film à 90 millions de $, les producteurs auraient pu dépenser 35 millions de $ et en faire deux. » Reste que la crise hollywoodienne est évidemment multifactorielle, et qui si l’I.A. pourrait en partie résoudre les innombrables écueils de l’industrie los angelienne, elle apportera certainement autant de problèmes que de solutions.

EN + L’influenceur cinéma américain Jeff Rauseo réfléchit aux causes et aux conséquences de l’inflation des budgets à Hollywood. Source.

EN + Le cinéma indonésien investit aussi dans l’I.A., non pas pour lutter contre une inflation inexistante dans cette industrie modeste, mais pour conférer une ampleur « hollywoodienne » à ses productions. Source.

PLAYLIST

Un reportage très didactique de la chaine américaine ABC sur la façon dont Hollywood, et plus particulièrement les agents de CAA, exploitent et appréhendent l’I.A.

Un passionnant article sur la question du droit d’auteur des images générées par I.A, en partant de l’anecdote du singe Naruto, un animal détenteur des droits d’une photo qu’il a prise par inadvertance.

Le comédien Tristan Spohn (Two dans Stranger Things) compare l’interprétation d’une même scène par l’I.A. et par un comédien et analyse les différences entre les deux résultats.

L’actrice Olivia Williams estime que les acteurs devraient bénéficier du même degré de contrôle sur leurs doubles numériques que sur leurs scènes de nudité.