
Pillion de Harry Lighton (film d’ouverture)
Film queer et cuir, Pillion ose le mariage du cru et des sentiments : une histoire de soumission et d’émancipation racontée comme une romcom, aussi sexy que troublante. Premier long d’Harry Lighton, le film détourne l’imagerie motarde façon Kenneth Anger vers une comédie sentimentale baroque et tendre. Quand Ray (Alexander Skarsgård), motard dominateur, rencontre Colin (Harry Melling), jeune chanteur introverti, naît une relation faite d’abandon et de désir. Ce qui pourrait n’être qu’un jeu de domination devient une carte des sentiments, une exploration fine de la difficulté d’aimer. Dans une mise en scène précise, Lighton révèle la tendresse là où on ne l’attend pas. · Renan Cros
Projeté en cérémonie d’ouverture le mardi 18 novembre à 20h au mk2 Bibliothèque.

Des preuves d’amour d’Alice Douard (Séances événements)
La cinéaste Alice Douard – césarisée pour L’Attente – impose dans ce premier long métrage une voix singulière, où la musique devient le langage de l’amour. Céline (Ella Rumpf) attend la naissance de l’enfant que porte sa femme Nadia (Monia Chokri) et cherche à faire reconnaître sa maternité. Dans cette période suspendue, la réalisatrice capte les maladresses et la tendresse d’un entourage souvent gauche, désamorçant le drame par l’humour. Face à sa mère pianiste (Noémie Lvovsky), Céline cherche sa propre mélodie. Dans ce dialogue entre les sons et les silences, Douard signe un film sensible, lumineux et juste sur la manière d’apprendre à aimer. · Laura Pertuy
Projeté le lundi 17 novembre 2025 à 20h30 au mk2 Quai de Seine.

Lesbian Space Princess (Séances événements)
Avec un titre pareil, c’était inévitable : on l’a repéré tout de suite. On avait quand même un peu peur que ce film d’animation style cartoon sur la quête spatiale de la très boring fille du couple royal de la planète Clitopolis pour sauver son ex-copine badass des griffes de vilains extraterrestres mascus nous déçoive. Miracle : on a adoré. Avec son style pop à l’ancienne, l’expressivité drama et très manga de ses personnages (qui rappelle un peu les Supers Nanas), ses blagues à la fois accessibles et référencées pour la communauté queer et son univers camp plein de fluides, Lesbian Space Princess nous a conquis. On aurait simplement aimé que soit encore plus fou, que le film ose carrément prendre le virage gore à la Happy Tree Friends vers lequel on le sent parfois lorgner, ou bien explore davantage la bizarrerie de ses toons déglingués, façon Cool World. Ça n’en reste pas moins le plus beau spécimen de long métrage lesbien d’animation – et, pour l’instant, le seul de la galaxie. · Timé Zoppé
Projeté le vendredi 21 novembre à 18h15 au mk2 Beaubourg, puis le lundi 24 novembre à 22h05 au mk2 Beaubourg.

Drunken Noodles (Compétition Fictions)
Comme les “drunken noodles” qu’on dévore en rentrant de soirée, le troisième long de Lucio Castro (After This Death) enivre autant qu’il réconforte. Suivant Adnan, étudiant en art débarqué à New York, le film explore le désir et la rêverie dans une ville étrangement déserte. Entre tension érotique et douceur languide, Castro signe une errance sensuelle et mélancolique, où chaque rencontre masculine se mue en fantasme. Inspiré par l’œuvre du brodeur Sal Salandra, le cinéaste ouvre une brèche surréelle, presque pastorale, où se mêlent sexes, âges et réalités. Un film à la fois fluide, espiègle et vaporeux, traversé par un mystère délicieux – comme un plat de nouilles avalé au cœur de la nuit. · Quentin Grosset
Projeté le jeudi 20 novembre à 22h10 au mk2 Quai de Seine.

Pédale rurale d’Antoine Vazquez (Compétition documentaires)
Nos représentations ont construit un imaginaire LGBTQI+ urbain qui a ses effets excluants. Les queers habitant hors des grandes villes n’ont pas d’images pour se reconnaître, s’identifier, se construire. Bien sûr, Alain Guiraudie ou Pierre Creton ont ouvert des brèches en queerisant les campagnes mais ces voix restent trop rares. Antoine Vazquez vient combler ce manque à travers le portrait tendre, complice et combatif de Benoît, qui est revenu en Dordogne, là où il a grandi, après avoir compris qu’une vie en ville ne lui correspondait pas. Le réalisateur, lui, a pris le chemin inverse, il s’est extrait de son milieu rural. Leur dialogue, ce film, va donc devenir un espace de réappropriation, tandis qu’ils participent à l’organisation d’une Pride des campagnes. L’enjeu est d’être visible sans renoncer à leur singularité. Pour Benoît par exemple, ça passe par un rapport fluide et libre aux mots pour se définir politiquement, une façon de s’ancrer et de poétiser le paysage par le geste – ses danses, ses grandes jupes qui tournent, son chant lyrique – et ce désir de fonder une communauté tout en préservant la tranquillité d’une solitude choisie. · Q.G.
Projeté le samedi 15 novembre à 15h10 au mk2 Beaubourg et le vendredi 21 novembre à 11h40 au mk2 Beaubourg.
